Les garanties exigées par la Finlande pour venir en aide à la Grèce créent la controverse au sein de zone euro et fragilisent la mise en oeuvre du second plan d'aide à Athènes, qu'Helsinki a menacé mardi de ne pas soutenir.
Dans le cadre du second plan d'aide à la Grèce, vital pour éviter une banqueroute au pays et plus largement une propagation de la crise de la dette au sein de l'union monétaire, Helsinki a obtenu l'obtention de garanties financières, dont les modalités sont en discussion.
Cette disposition était écrite noir sur blanc dans les conclusions du dernier sommet de la zone euro le 21 juillet. Mais depuis, plusieurs autres pays de la zone euro ont laissé entendre qu'ils souhaitaient le même traitement de faveur.
Face à la tempête ainsi provoquée, le Premier ministre finlandais Jyrki Katainen s'est dit mardi prêt à changer les modalités du système de garantie du prêt finlandais, mais a menacé de se retirer du processus d'aide à la Grèce si la zone euro rejetait un accord bilatéral négocié avec Athènes.
L'Autriche, les Pays-Bas, la Slovaquie et la Slovénie réclament peu ou prou un traitement similaire.
"S'il y a des garanties pour un pays, alors tous les autres doivent être traités de la même façon", a déclaré mardi la ministre des Finances autrichienne Maria Fekter avant une réunion du conseil des ministres.
La Commission européenne a indiqué mardi ne pas avoir eu vent de demande officielle émanant d'un autre Etat membre "à ce stade".
Mais Bruxelles en a profité pour rappeler que les décisions prises par la Grèce et la Finlande devaient être entérinées par les partenaires de la zone euro.
"Ils (leur) appartient de déterminer si cet arrangement est approprié ou non. Toute décision d'introduire une garantie a un impact sur le schéma de financement du second plan d'aide à la Grèce", a affirmé un porte-parole de la Commission.
Opposée à cette initiative, l'Allemagne a estimé lundi qu'il y avait un "besoin de discussion".
L'accord entre Athènes et Helsinki prévoit dans le détail que la Grèce dépose dans les caisses de l'Etat finlandais une somme qui, ajoutée aux intérêts qu'elle produira, couvrira au bout du compte le montant du prêt garanti par la Finlande.
Helsinki insistait depuis des mois sur ce point car l'aide aux pays en difficulté a été l'un des thèmes de campagne des législatives d'avril en Finlande, marquée par une poussée des Vrais Finlandais, parti populiste et eurosceptique de droite nationaliste.
Problème: les marchés financiers s'inquiètent. "La recherche d'accords de ce type pourrait retarder la prochaine tranche de soutien financier pour la Grèce et précipiter ainsi un défaut de paiement" du pays", a prévenu lundi l'agence de notation Moody's.
Ces accords pourraient même menacer la note de la Grèce et des autres pays recevant ou susceptibles de recevoir une aide, a ajouté l'agence, estimant qu'ils "illustraient la poursuite des divergences entre Etats de la zone euro sur les modalités d'un soutien à leurs partenaires".
La Finlande ne devrait financer que 2% du dernier plan d'aide à la Grèce, sur les 109 milliards d'euros alloués par l'Union européenne et le FMI. Près de 50 milliards doivent être fournis par le secteur privé (banques, assurances...)
Si la Finlande ne participait pas au plan d'aide, il y aurait un précédent: la Slovaquie s'était déjà abstenue lors du premier plan d'aide décidé au printemps 2010.
Preuve que le sujet est toujours politiquement sensible à Bratislava: le pays a fait savoir mardi qu'il serait le dernier des 17 à voter sur le renforcement du Fonds européen de Stabilité Financière (FESF) et la création d'un mécanisme de sauvetage permanent appelé à lui succéder mi-2013, des mesures pour aider les pays en difficulté.