
Le ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire est attendu mardi après-midi dans les Pyrénées-Orientales auprès des producteurs de pêches, une profession exaspérée qui attend des annonces de sa part faute de quoi sa réaction pourrait être vive, a indiqué lundi la FDSEA.
M. Le Maire est annoncé à 15H00 dans une coopérative de L'Ille-sur-Têt, dans un département qui devrait encore représenter cette année le tiers de la production française de pêches, a dit à l'AFP le président de la FDSEA Yves Aris.
"Si le ministre descend chez les producteurs juste pour entendre un peu plus le débat, sans rien annoncer du tout, ça va être compliqué et il va y avoir une grande déception", a dit M. Aris.
Le jour même, "il ne se passera rien sur le terrain, on a promis le calme le plus total. Par contre, s'il n'y a rien d'annoncé de concret, il y aura une grande déception chez les producteurs et ça peut être économiquement et humainement un cataclysme", a-t-il ajouté.
La filière des fruits et légumes affirme traverser une grave crise. Elle s'émeut de vendre à perte, dénonce la concurrence déloyale exercée selon elle par des pays comme l'Espagne ou l'Italie, et le chantage que pratiquerait la grande distribution.

Dans les Pyrénées-Orientales, les producteurs ont manifesté leur colère samedi en enfonçant le portail du consulat d'Espagne à Perpignan et en déversant des centaines de kilos de fruits. La veille au soir, des agriculteurs ont provoqué un mouvement de foule dans une grande surface de Nîmes qui organisait une vente flash de raisin italien, en annonçant à la clientèle du magasin que tout était gratuit pendant dix minutes.
"On sort d'une crise viticole sans précédent et on est en plein marasme fruits et légumes. (On lance) un appel au secours, ce dont on a besoin absolument, c'est que les pouvoirs publics annoncent des mesures parce que, sur les cinq dernières années de production, on a quatre années de crise grave", a dit M. Aris.
Le kilo de pêches revient à 1,40 euro à son producteur, mais il lui est acheté un euro, a-t-il dit. De la part de la grande distribution, "c'est le chantage permanent: si tu me fais pas ce prix, je prends chez l'autre", a-t-il rapporté.
Or le coût direct d'une heure de travail est de 11 euros pour un producteur français quand il est de 4 ou 5 euros de l'autre côté de la frontière pour un Espagnol, a-t-il dit.
Dans ce contexte, le ministère de l'Agriculture a promis de présenter un plan de sortie de crise le 7 septembre.
Mais, a expliqué M. Aris, il s'agira d'un plan structurel à long terme, et les producteurs ont besoin de mesures immédiates de trésorerie pour les aider à rembourser leurs emprunts ou à supporter leurs cotisations sociales.
En 2011, la France devrait produire 240.000 tonnes, mais cette production est en recul permanent alors que les Français devraient consommer plus de 400.000 tonnes, selon M. Aris. Si rien n'est fait, "on va complètement dépendre des productions étrangères", a-t-il prévenu.
Or la production de la pêche représente l'équivalent de 4.000 emplois à temps plein dans un département qui accuse environ 13% de taux de chômage, selon M. Aris.