
Le ministre de l'Economie Giulio Tremonti a promis jeudi l'adoption la semaine prochaine de nouvelles mesures d'austérité "très fortes" pour atteindre l'équilibre budgétaire en 2013 au lieu de 2014, mais sans donner beaucoup de détails sur leur contenu.
Soumis depuis deux semaines à une forte pression des marchés et de ses partenaires européens, Silvio Berlusconi a annoncé mercredi l'adoption d'un nouveau plan d'austérité au plus tard le 18 août.
M. Tremonti, dont le discours devant 150 parlementaires revenus spécialement de vacances était très attendu, a souligné que Rome a dû agir "en raison de l'intensification de la crise et d'indications venues de l'Europe pour anticiper les mesures d'austérité à 2013 au lieu de 2014".
Cela signifie qu'il faudra ramener "le déficit de 3,8 à 3,9% cette année" à zéro en seulement deux ans, avec un effort réparti "moitié moitié" sur 2012 et 2013, a-t-il dit.
M. Tremonti a reconnu avoir reçu une lettre "secrète" de la Banque centrale européenne, révélée par la presse et dénoncée par l'opposition comme "une mise sous tutelle de l'Italie", contenant des pistes à suivre pour y parvenir.

Parmi ces pistes, il a souligné que Rome allait certainement suivre le conseil de réduire les coûts de sa bureaucratie, lancer un programme de privatisations, libéraliser l'économie, réformer les aides sociales et les retraites.
Le gouvernement entend aussi lutter davantage contre l'évasion fiscale et prévoit d'accroître la taxation des gains financiers d'un minimum de 12,5% à 20% pour renflouer les caisses de l'Etat.
Le ministre est aussi d'accord avec l'idée d'une réforme du droit du travail pour "introduire davantage de flexibilité", mais pas avec des licenciements assouplis. Autre mesure exclue à ses yeux : baisser les salaires de la fonction publique.
Comme exemple d'économies concrètes, il a cité un regroupement des jours fériés sur le dimanche en précisant par la suite que les fêtes religieuses ne seront pas concernées.
Il a évoqué "des contributions de solidarité" sans donner de détails, sachant que M. Berlusconi s'oppose à toute hausse de la pression fiscale, y compris pour les Italiens les plus riches, très favorisés par le système actuel.
Pour Marco Valli, économiste de la banque Unicredit, "on ne pouvait pas s'attendre à des mesures concrètes, tout étant encore en discussion".
Mais les leaders de l'opposition centriste et de gauche se sont montrés déçus et même Umberto Bossi, chef de la Ligue du nord parti, membre de la majorité, a qualifié les annonces de son "ami Giulio" de "trop fumeuses".
Lors des débats qui ont suivi, M. Tremonti a répliqué qu'il ne pouvait en dire plus "à marchés boursiers ouverts" et a laissé entendre qu'il serait plus concret lors d'une rencontre prévue en fin d'après-midi avec le président Giorgio Napolitano, qui a écourté ses vacances.
Il a souligné que le gouvernement agissait vite puisqu'il va faire adopter la semaine prochaine un décret-loi, qui arrivera rapidement devant le parlement. "Il est difficile de dire: vous ne faites rien, vous êtes immobiles", a répondu M. Tremonti.
Le ton des commentateurs était également critique.
"Le temps des mots est fini", a estimé Fabrizio Forquet, éditorialiste du journal économique Il Sole 24 Ore tandis que Pierluigi Battista du Corriere della Sera a estimé que l'Italie "ne peut pas attendre huit jours" pour annoncer ses mesures.
L'Italie, troisième économie de la zone euro, a été rattrapée la semaine passée par la crise de la dette à cause de son énorme endettement (120% du PIB) et d'une croissance poussive.
Ses taux obligataires ont atteint des records et la situation ne s'est calmée que grâce à l'intervention de la BCE qui a toutefois conditionné son aide à l'adoption d'une nouvelle cure d'austérité, chiffrée par Rome à entre 20 et 30 milliards d'euros en plus de celle de 48 milliards adoptée à la mi-juillet.