La production industrielle a accusé une chute de 1,6% au mois de juin en France qui a pratiquement effacé le bond spectaculaire du mois précédent (+1,9%), tendance de bien mauvais augure avant la publication du chiffre de la croissance au deuxième trimestre, attendu vendredi.
Dans la seule industrie manufacturière (hors activité minière et construction), la production a encore plus fortement chuté par rapport à mai (-1,9%), a annoncé mercredi l'Institut national de la statistique (Insee). Elle était en nette hausse aussi le mois précédent (+1,4%).
L'Insee publiera vendredi sa première estimation de la croissance au deuxième trimestre. Un chiffre qui sera scruté avec d'autant plus d'attention, notamment à Bercy, qu'il donnera le ton d'un budget 2012 dont le cadrage s'annonce particulièrement épineux en pleine tempête boursière.
L'économie française avait connu un premier trimestre épatant avec un bond de 0,9% de son produit intérieur brut (PIB). Le second s'annonce en revanche "très décevant" au regard notamment de la chute de la production industrielle enregistrée en juin, pronostique Jean-Christophe Caffet (Natixis).
Comme nombre de ses confrères, cet analyste avait anticipé un coup de frein dont le signal avait été donné par la consommation des ménages au deuxième trimestre (-2,0% en glissement trimestriel).
Jean-Christophe Caffet s'attend désormais à une "quasi-stagnation" de la croissance sur cette période (0,0% sur un trimestre, +1,7% sur un an) tandis que, selon lui, le "consensus" des analystes, plus optimiste, table sur +0,3%.
"Les derniers développements sur le marchés des capitaux ne suggèrent évidemment pas une accélération de la croissance du PIB au cours des prochains trimestres", observe-t-il encore.
Quant à la la production industrielle française, elle devrait continuer à ralentir jusqu'à la fin de l'année, selon lui.
Julian Callowe et Marion Laboure (Barklays Capital) sont sur la même ligne. Ils tablaient sur une croissance de 0,2% au second semestre et s'attendent à présent à une croissance nulle sur cette période.
"Sans une revitalisation prochaine de la demande, il est aisé d'anticiper une économie française flirtant avec la contraction au troisième trimestre", avance pour sa part Chris Williamson, chef économiste chez Markit.
Bercy, qui avait salué la performance de l'industrie au premier trimestre, y voyant une confirmation de sa prévision de croissance de 2% pour 2011, s'est abstenu cette fois de toute communication.
La chute de la production industrielle a été particulièrement spectaculaire en juin dans les équipements électriques (-7,7%), les produits informatiques, électroniques et optiques (-4,4 %) ou le caoutchouc, le plastique et les minéraux non métalliques (-3,8 %).
En recul de -2,8% dans les matériels de transport pris globalement, la production s'est affichée cependant quasi stable dans l'autombile (+0,1%), les "autres matériels de transport" étant fortement affectés (-6,1 %).
Sur l'ensemble du deuxième trimestre et par rapport au trimestre précédent, la production a diminué dans l?industrie manufacturière (-0,4%) comme dans l?ensemble de l?industrie (-0,5%).
Sur la même période, la production est en baisse dans les matériels de transport (-1,0%), dans les "autres industries" (-0,3%) ainsi que dans les équipements électriques, électroniques, informatiques et machines (-0,5%). Elle s'effondre (-5,4%) dans la cokéfaction et le raffinage et ne progresse que dans les industries agricoles et alimentaires (+0,8%).