Le président de la BCE Jean-Claude Trichet a appelé mardi les gouvernements européens à "faire leur travail" concernant la réduction de leurs déficits, notamment l'Italie et l'Espagne, ou concernant le rachat d'obligations par le Fonds de soutien de la zone euro.
"Au total, et singulièrement depuis (la faillite en septembre 2008 de la banque américaine) Lehman Brothers, c'est la crise la plus grave depuis la Seconde Guerre mondiale", a souligné le président de la Banque centrale européenne (BCE) sur la radio Europe 1.
"Et je crois que cela aurait pu être la crise la plus grave depuis la Première Guerre mondiale si, précisément, l'ensemble des responsables n'avaient pris des décisions très importantes" depuis le début de la crise, qui a commencé en août 2007 avec les problèmes des crédits hypothécaires ("subprimes") aux Etats-Unis, a-t-il ajouté.
Dans ce contexte, "ce que nous attendons, c'est que les gouvernements fassent ce que nous considérons être leur travail, à la hauteur de leurs responsabilités", a-t-il déclaré.
"Nous avons demandé de manière extrêmement claire dans les derniers jours au gouvernement italien de prendre un certain nombre de décisions, qui ont été prises, et d'accélérer en particulier le retour à une situation budgétaire normale. Nous avons demandé la même chose au gouvernement espagnol. Nous avons demandé à l'ensemble des gouvernements européens, les 17, d'accélérer les décisions qu'ils ont prises le 21 juillet", lors d'un sommet de la zone euro, a-t-il dit.
M. Trichet a précisé qu'ils devaient "mettre en oeuvre le plus rapidement possible (...) toutes les décisions" prises lors de ce sommet.
"Il y a la réduction des déficits des Etats, il y a l'accélération des décisions qui ont été prises à ce moment-là" ou encore "la création effectivement pour le Fonds de stabilisation financière de la possibilité qu'il intervienne sur les marchés secondaires d'obligations", a-t-il ajouté.
Parmi les décisions prises lors du sommet européen du 21 juillet, figure le rachat de dette publique en circulation par le Fonds de soutien européen (FESF).
"Nous leur avons demandé de nous confirmer qu'il y avait bien en effet un Fonds de stabilisation financière qui pourrait lui-même intervenir sur les marchés secondaires (là où s'échangent les titres déjà émis, NDLR) le plus rapidement possible", a martelé M. Trichet.
Les avancées rendant ce Fonds plus efficace et plus flexible doivent cependant encore être approuvées par les parlements nationaux, ce qui va prendre plusieurs semaines et se fera à la rentrée.
Pour l'instant, c'est la BCE qui s'est engagée ce week-end à intervenir de manière "active" sur les marchés, c'est-à-dire à racheter davantage de dette publique de pays de la zone euro en difficulté sur le marché secondaire.
Interrogé sur cette décision, M. Trichet l'a défendue à nouveau, mais il a refusé de dire "ce que nous achetons, ni les montants", ajoutant qu'il ne "dirait évidemment rien" sur la durée de ces rachats d'obligations.
La BCE n'avait pas précisé dimanche la dette de quels pays elle comptait racheter, mais les marchés s'attendaient à ce qu'elle intervienne sur les obligations de l'Italie et de l'Espagne, dont les taux obligataires ont atteint des records ces deux dernières semaines.
L'ampleur de l'intervention de la BCE ne sera toutefois connue que lundi prochain, la banque ne communiquant qu'une fois par semaine à ce sujet.