Le gouvernement allemand continuait lundi à bouder toute discussion sur une augmentation du fonds de secours européen (FESF), pour répondre à la crise de la dette, prenant le risque de se retrouver une nouvelle fois isolé en Europe.
Lors d'un sommet européen extraordinaire le 21 juillet à Bruxelles, "il a été décidé que le FESF reste comme il est et qu'il garde le montant qu'il avait avant cette date", a déclaré un porte-parole de la chancelière Angela Merkel lors d'une conférence de presse.
"Il n'y a pas de nouvelle évolution" depuis cette date, a-t-il martelé, alors que les bourses européennes sont en chute libre depuis plusieurs jours.
Créé en 2010 pour venir en aide à l'Irlande puis au Portugal, ce fonds est jugé insuffisant pour voler au secours de l'Italie comme l'Espagne, actuellement dans la tourmente.
Les principaux responsables européens réclament donc depuis plusieurs jours une augmentation de sa capacité de prêt. C'est le cas du président de la Commission européenne José Manuel Barroso et du commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn, mais aussi la France.
"L'enveloppe est établie à 440 milliards et nous avons déjà dit que s'il fallait aller plus loin, nous irions plus loin", a déclaré lundi le ministre français des Finances François Baroin sur Europe 1.
Mais Berlin, qui depuis le début de la crise de la dette traîne des pieds pour porter secours à ses partenaires, avant d'y être finalement acculé par les marchés, a préféré jouer l'ironie.
"Ces dernières semaines, certaines présences médiatiques ont donné lieu à des Unes de journaux qui n'ont pas eu l'effet désiré", a jugé le porte-parole de Mme Merkel.
Il a par ailleurs assuré que la chancelière n'avait nullement l'intention d'interrompre ses vacances, prévues pour durer jusqu'à la fin de semaine. Son retour à Berlin est prévu lundi et d'ici là pas question pour elle d'évoquer publiquement la crise de la dette, a-t-il signifié.
En voulant temporiser face à la panique qui gagne les marchés, quitte à paraître bornée, l'Allemagne reste fidèle à la ligne de conduite qu'elle observe depuis le début de l'été.
La semaine dernière, alors que les Bourses européennes s'effondraient, le porte-parole du ministère allemand des Finances mettait ces soubresauts sur le compte des faibles volumes d'échange estivaux, synonymes d'évolutions amplifiées.
Pendant que le président français Nicolas Sarkozy multipliait les coups de fil avec la plupart des dirigeants européens, la chancelière allemande, en randonnée dans les Alpes italiennes, n'est pas sortie de son mutisme.
Mi-juillet, alors qu'il était devenu évident que la Grèce devrait être secourue une nouvelle fois de toute urgence, Mme Merkel s'était longtemps faite prier avant d'accepter la tenue du sommet européen.
Lundi encore, son porte-parole a refusé de se prononcer sur une éventuelle session extraordinaire du parlement allemand, dont la rentrée est prévue le 5 septembre, alors que la France en a annoncé une du 6 au 8 septembre.
L'objectif est de valider au plus vite les décisions du 21 juillet, qui font du FESF un embryon de Fonds monétaire européen et lui permettent d'acheter sur le marché des titres de dette de pays en difficulté.
Jusqu'ici cette tâche de régulation des marchés obligataires est dévolue à la Banque centrale européenne (BCE), qui ne l'effectue qu'avec réticence.
Mais l'Allemagne a déjà fait savoir qu'elle n'entendait pas l'en soulager outre mesure: le porte-parole de Mme Merkel a affirmé que les obligations déjà rachetées par la BCE resteraient en sa possession, affirmant n'avoir "aucun indice laissant penser" qu'elles pourraient être transmises au FESF, de manière à assainir son bilan.