Les commissaires aux comptes ont prévenu lundi que les sociétés devaient intégrer les conséquences possibles du nouveau plan de soutien à la Grèce dans leurs comptes du premier semestre, selon un communiqué de la Compagnie nationale des commissaires aux comptes.
La Compagnie nationale des commissaires aux comptes (CNCC) estime, au vu du plan "qu'il est nécessaire que ces événements soient pris en compte dans le cadre de l'examen des comptes au 30 juin 2011".
L'instance de représentation des 14.500 commissaires aux comptes qui exercent en France a indiqué qu'une réunion des représentants de la profession s'est tenue après l'adoption du nouveau plan.
Au terme de cette réunion, "la CNCC recommande aux commissaires aux comptes de prendre en considération, lors de leur examen des comptes au 30 juin 2011, les décisions prises par les chefs d'Etat ou de gouvernement, et de tirer, le cas échéant, les conséquences dans leurs rapports, de la prise en compte par les entreprises des éventuelles pertes de valeur des actifs liés à l'Etat grec".
Le volet privé du plan propose un menu d'options aux créanciers privés pour leur permettre de maintenir leurs engagements vis-à-vis de la Grèce sur une base volontaire. Tous prévoient une décote d'environ 21% sur la valeur comptable des titres d'Etat grecs.
Du point de vue comptable, la perte de valeur d'actifs détenus par une société l'oblige à enregistrer des provisions, c'est-à-dire à mettre en réserve une somme qui sera déduite du résultat de l'exercice considéré.
La CNCC "attire également l'attention sur l'importance d'une information complète sur l'exposition aux risques souverains ainsi que sur les estimations retenues en matière de valorisation des actifs, dans les informations financières figurant dans les comptes intermédiaires ou semestriels".
Si aucune catégorie d'entreprise n'est mentionnée, cet avis concerne, de manière générale, les sociétés détenant des actifs de l'Etat grec, en premier lieu les banques, ainsi que les compagnies d'assurance et les fonds d'investissement.
Interrogées vendredi par l'AFP, les grandes banques françaises s'étaient refusées à préciser quel serait le traitement comptable appliqué aux conséquences du plan. Elles devraient communiquer des premiers éléments lors de la publication de leurs résultats trimestriels, début août.
"Les professionnels étaient dans une position où il ne leur était pas possible de signer une attestation (de certification des comptes) sans prise en compte de la situation grecque", a fait valoir à l'AFP Jean-Luc Decornoy, président du directoire du cabinet d'audit et d'expertise comptable KPMG SA.
"J'ai eu des retours de banquiers qui étaient assez demandeurs de lignes de conduite parce qu'ils étaient un peu embêtés", a-t-il ajouté.
En théorie, le menu d'options proposé par le nouveau plan offre la possibilité aux créanciers de choisir entre plusieurs traitements comptables différents.
L'option inspirée de la proposition française pour la participation du secteur privé, qui consistait en un renouvellement des engagements au fil des remboursements par la Grèce, permet notamment d'étaler les pertes sur plusieurs exercices.
Mais pour M. Decornoy, un étalement serait "contraire à la prospective comptable" qui induit que dès qu'un risque est identifié, "les comptables sont obligés de le prendre en compte".
Les banques vont donc probablement intégrer le plus fidèlement possible la totalité des effets comptables à attendre de leur contribution à ce nouveau plan dès le premier semestre 2011, selon le patron de la filiale française de KPMG.
Toutes devraient, en outre, s'accorder sur un traitement relativement similaire, selon M. Decornoy, qui prévoit qu'"une position de place se (mettra) progressivement en place".