Hillary Clinton a offert dimanche à Athènes le soutien de l'Amérique à une Grèce au bord d'un défaut partiel de paiement, félicitant le gouvernement pour sa détermination à guérir "le cancer" de la crise de la dette, qui menace l'ensemble de la zone euro.
A quatre jours d'un sommet crucial de la zone euro à Bruxelles, le chef de la diplomatie américaine n'a pas hésité à comparer l'action d'Athènes à "une chimiothérapie" pour débarrasser le pays de sa dette et regagner la confiance des investisseurs internationaux.
"Les Etats-Unis soutiennent fermement la détermination du gouvernement Papandréou à réaliser les réformes nécessaires pour permettre à la Grèce de repartir sur de bonnes bases et pour rendre la Grèce plus compétitive sur le plan économique", a-t-elle lancé aux côtés de son homologue grec, Stravos Lambrinidis.
La secrétaire d'Etat a rendu hommage aux qualités de dirigeant du Premier ministre Georges Papandréou avec lequel elle a déjeuné. Affaibli et isolé dans son propre pays, le Premier ministre, né aux Etats-Unis, a obtenu à la demande des créanciers du pays, et malgré une forte opposition de la rue fin juin, le vote d'une nouvelle loi prolongeant la cure d'austérité de quatre ans en Grèce.
"Le prix de l'inaction aurait été plus élevé", a observé Mme Clinton.
"Nous apprécions votre soutien et nous nous engageons à sortir victorieux de cette situation", lui a répondu le ministre grec, promettant de confondre "ceux qui, des deux côtés de l'Atlantique, ont parié sur l'effondrement de la Grèce".
Mme Clinton a aussi rencontré le nouveau ministre des Finances, Evangélos Vénizélos, qui a jugé le soutien américain "important". "Les Etats-Unis comprennent très bien qu'il est important que la dette de la Grèce soit viable à long terme. Ils sont prêts à aider en ce qui concerne l'investissement et l'économie réelle", a-t-il dit à la presse.
Hillary Clinton, elle, n'a pas mentionné l'UE, signe de ce que les Etats-Unis ne souhaitent pas s'ingérer trop avant dans l'intense débat politique qui se joue à Bruxelles cette semaine autour du sauvetage de la zone euro.
Mais elle doit rencontrer lundi matin, avant de gagner l'Inde, le chef du principal parti d'opposition, le conservateur Antonis Samaris qui refuse obstinément de soutenir la cure d'austérité socialiste, malgré les pressions de l'UE.
Un diplomate américain avait estimé dans la matinée que l'Amérique n'avait pas à assumer "un rôle direct" dans la crise de la dette, soulignant que c'était l'affaire des Européens.
"Dans cette période économique difficile, nous nous tiendrons à vos côtés, nous sommes convaincus que la Nation qui a bâti le Parthénon, inventé la démocratie et inspiré le monde peut faire face au défi" a ajouté Mme Clinton après avoir signé un accord pour endiguer le trafic d'oeuvres d'art entre les Etats-Unis et la Grèce.
"Mon pays aussi a une dette" envers la civilisation occidentale née dans la Grèce antique, a-t-elle dit.
En échange de la loi d'austérité, la Grèce a obtenu le versement d'une cinquième tranche d'un prêt de 110 milliards d'euros accordé l'an dernier par l'Union européenne et le Fonds monétaire international, et surtout l'élaboration -- en cours actuellement -- d'un deuxième plan d'aide internationale dans l'espoir de lui permettre de faire face à sa dette, ses déficits, et sa profonde récession et d'essayer d'éviter un éclatement de la zone euro.
La zone euro doit impérativement décider dans les jours à venir de ce nouveau plan de sauvetage, qui pourrait passer par un rachat de la dette du pays, en vue d'un sommet extraordinaire de ses dirigeants jeudi censé éviter une contagion périlleuse de la crise de la dette.
Dans une interview diffusée sur le site internet du Financial Times Deutschland, le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet a estimé dimanche que si les décisions des gouvernements conduisaient à un défaut de paiement, même partiel, d'Athènes, "ceux-ci devront faire en sorte d'apporter des garanties au +système euro+, c'est-à-dire à la BCE et aux banques centrales des pays membres de la zone euro, afin de protéger la monnaie unique.
Face aux solutions proposées, notamment par M. Papandréou, le chef de la Banque centrale allemande Jens Weidmann a fustigé dimanche l'idée d'émettre des euro-obligations garanties par les Etats de la zone euro afin d'aider la Grèce.
Il estime qu'avec cette OPTION "les contribuables européens, en particulier allemands, auront à assumer la totalité de la dette grecque", et qu'"il s'agirait d'un pas important vers une union des transferts, que l'Allemagne a jusqu'à présent écartée à juste titre".
A Washington, l'organisation qui regroupe les plus grandes banques du monde, l'Institut de la finance internationale (IIF), a fait état dimanche de "progrès" lors des réunions entre créanciers de la Grèce et responsables européens à Rome en fin de semaine.