La rémunération du Livret A va passer de 2% à 2,25% le 1er août du fait de la légère accélération de l'inflation, un relèvement favorable à ce produit qui avait déjà très bien démarré l'année, mais dont le taux pourrait ensuite marquer une pause jusqu'à l'été 2012.
Conformément à la règle, le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, a adressé mardi au ministre de l'Economie François Baroin sa recommandation d'appliquer les règles classiques de calcul du taux.
Cet avis intervenait après la publication de l'indice des prix à la consommation en France pour juin, qui a atteint 2,1% sur un an, hors tabac, l'indicateur pris en compte pour le calcul du Livret A.
Le nouveau taux du Livret A "permettra de maintenir une rémunération de l'épargne réglementée positive en termes réels" (une fois l'inflation déduite), a expliqué M. Noyer.
M. Baroin s'est félicité de cette augmentation "qui viendra conforter l?attractivité du produit d?épargne préféré des Français".
Ce nouveau coup de pouce est le troisième en autant d'occasions pour ce livret qui fêtera son bicentenaire en 2016. Inscrite dans la loi, la formule de calcul qui permet sa révision est en effet appliquée chaque 1er février et 1er août, sauf circonstances exceptionnelles.
Après être resté bloqué pendant un an à 1,25%, le niveau de rémunération le plus faible de son histoire, entre août 2009 et août 2010, le Livret A a entamé son ascension depuis, passant à 1,75%, puis 2,00% en février et 2,25% au 1er août prochain.
Un mouvement qui a donné un coup de fouet à la collecte: durant les cinq premiers mois de 2011, les Français ont déposé près de 10 milliards d'euros de plus sur ce produit totalement défiscalisé, pour lequel dépôts et retraits sont gratuits.
Depuis le début de l'année, tous les vents ont été favorables ou presque au Livret A. Car au-delà de sa rémunération en progression, il a bénéficié des performances ternes des marchés d'actions et surtout de l'essouflement de l'assurance-vie.
Le rendement moyen des contrats d'assurance-vie en euros (à capital garanti), de loin les plus populaires du marché, a encore chuté en 2010 à 3,40%, selon l'Autorité de contrôle prudentiel (ACP) contre 3,65% en 2009.
Ce taux est le plus bas jamais servi en moyenne, point d'orgue d'une décrue amorcée il y a un quart de siècle. Selon plusieurs assureurs, même en cas de remontée des taux d'intérêt, il faudra deux ou trois ans pour que les rendements de contrats en euros relèvent la tête.
Ce placement a également pâti du débat qui a précédé la réforme de la fiscalité, avec des mentions régulières pour l'assurance-vie, qui a finalement été presque totalement épargnée.
Plébiscité, une fois de plus, par les Français, qui en détenaient 59,7 millions fin mars, le Livret A devrait voire son rendement se stabiliser au moins jusqu'au début 2012, selon Dominique Barbet, économiste de BNP Paribas.
L'inflation devrait, en effet, ralentir fin 2011, après avoir poursuivi sa légère accélération jusqu'en novembre.
Le gouverneur de la Banque de France pourrait éventuellement recommander un nouveau relèvement à 2,5% au 1er novembre, mais il faudrait pour cela qu'il estime que les circonstances sont exceptionnelles, ce qui paraît improbable, selon M. Barbet.
Lors de la prochaine application automatique de la formule de calcul, début février, le taux pourrait passer à 2,5%, selon les estimations d'inflation de Natixis, tandis que M. Barbet table lui sur un statu-quo à 2,25% jusqu'en août 2012.