La production industrielle française est nettement repartie à la hausse en mai après deux mois négatifs, mais les économistes peinent à dire s'il s'agit d'une tendance durable ou d'un rebond préalable à un nouveau ralentissement.
La production a progressé de 2% par rapport à avril, a annoncé lundi l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).
Dans la seule industrie manufacturière, qui exclut l'activité minière et la construction, elle augmente de 1,5%, alors qu'elle était restée quasiment stable en avril.
Le rebond, similaire à celui enregistré par l'Allemagne (+1,2%), dépasse les attentes des économistes.
Selon le ministre de l'Economie François Baroin, ce chiffre "témoigne de la solidité de la reprise économique en France".
La "forte croissance" de l'économie française au premier trimestre (0,9%), "la bonne tenue des dernières enquêtes de conjoncture de l'Insee, la progression des salaires depuis le début de l'année ainsi que le dynamisme du secteur industriel confortent la prévision du gouvernement d'une croissance de 2% pour l'ensemble de l'année 2011", affirme-t-il dans un communiqué.
Au cours des mois de mars, avril et mai, la production manufacturière a augmenté de 0,9% par rapport aux trois mois précédents, tandis qu'elle est restée presque stable dans l'ensemble de l'industrie (+0,1%).
Sur cette période, elle a en revanche baissé dans les matériels de transport (-1,9%), et notamment dans l'automobile (-4,6%).
En mai, la production a été tirée par presque tous les secteurs, particulièrement par les équipements électroniques et informatiques qui grimpent de 2,3% et les industries extractives, l'énergie et l'eau, un ensemble qui bondit de 5,7%. L'automobile a également retrouvé des couleurs (+2,5%) après une chute. Seule l'industrie agroalimentaire recule, de 0,2%.
Après ces premiers mois de l'année en dents de scie pour l'industrie, les économistes divergent sur ce qu'il faut attendre du reste de l'année.
Selon Mathilde Lemoine, de la banque HSBC, le rebond de mai est dû en partie à la fin progressive des perturbations dans l'approvisionnement provoquées par le séisme au Japon et ses suites.
"La dynamique de la production industrielle reste forte, poussée par la reprise économique", estime-t-elle. La tendance devrait rester à la hausse dans les prochains mois, ajoute l'économiste, selon laquelle le ralentissement attendu de la croissance économique au deuxième trimestre est davantage dû à une consommation des ménages en berne qu'à un affaiblissement de la production.
Pour sa part, Camille de Williencourt, de Natixis, juge que le rebond est essentiellement technique, après deux mois de baisse.
"Mais la production industrielle reste léthargique et devrait décélérer de manière assez significative en 2011 après une hausse de 5,1% en 2010", prédit l'économiste, sans toutefois pouvoir évaluer "l'étendue et le moment précis du ralentissement".