Le plus gros opérateur privé de maisons de retraites au Royaume-Uni, en état de quasi-faillite, a annoncé lundi la fermeture progressive du groupe et le transfert vers d'autres structures des 750 établissements sous son contrôle.
Cette décision de Southern Cross a provoqué l'indignation des syndicats et d'organisations de défense des personnes âgées.
Dans le même communiqué, Southern Cross a annoncé la suspension immédiate de sa cotation à la Bourse de Londres.
Le groupe était en discussion depuis plusieurs semaines avec ses créanciers pour trouver une issue à ses problèmes financiers, mais seule une restructuration totale du groupe s'est révélée possible, a-t-il expliqué.
Avec la crise économique, Southern Cross s'est retrouvé incapable de faire face à des loyers en hausse continue tandis que ses revenus baissaient. Le groupe avait financé sa rapide expansion au début des années 2000 en vendant ses locaux afin de générer des fonds, mais s'est ainsi retrouvé à la merci de ses propriétaires.
Environ un tiers d'entre eux sont des opérateurs concurrents de maisons de retraite et devraient reprendre les activités de ces établissements, a assuré Southern Cross.
Pour les autres, des arrangements sont en cours et "des annonces seront faites en temps utiles", a indiqué le groupe, tout en assurant que l'avenir des 31.000 pensionnaires et de ses 44.000 employés étaient "une priorité".
Southern Cross avait provoqué une onde de choc nationale en annonçant fin mai qu'il se trouvait dans un "état financier critique" et suspendait une partie du paiement de ses loyers.
Le Premier ministre, David Cameron, avait alors dû publiquement intervenir pour promettre qu'aucun pensionnaire ne serait abandonné.
L'un de ses porte-parole a réaffirmé lundi qu'"il n'y avait pas de raison que quiconque se retrouve à la rue" puisqu'"il y a actuellement environ 50.000 places disponibles dans le pays" dans des maisons de retraite.
Michelle Mitchell, directrice de l'organisation Age UK qui vient en aide aux personnes âgées, a elle fait part de "l'inquiétude" des pensionnaires et estimé que "leurs besoins devaient être la priorité" dans la mesure où il s'agit de personnes "vulnérables".
"Les entreprises qui ne sont pas capables de prouver qu'elles ont une activité viable ne devraient pas être autorisées à gérer des maisons de retraite", a-t-elle assuré.
De son côté, Dave Prentis, patron d'Unison, principal syndicat de la fonction publique, a souligné que cette quasi-faillite était "une tragédie pour les personnes qui vivent et travaillent" à Southern Cross.
La fermeture du groupe devrait être "un avertissement pour David Cameron sur les dangers que représentent ses projets de permettre à davantage de sociétés privés de gérer des services publics", a-t-il estimé.
Les difficultés de Southern Cross ont relancé le débat sur les conséquences du désengagement depuis 20 ans de l'Etat britannique de secteurs-clés liés à la santé. Les maisons de retraite britanniques sont désormais contrôlées aux deux-tiers par le secteur privé, le service public de santé et des associations se partageant le dernier tiers.