L'assurance maladie a proposé sa recette pour faire 2,2 milliards d'économies en 2012, notamment par des baisses de prix de médicaments, mais elle a aussi appelé à une réforme en profondeur de son financement face aux déficits qui persistent.
Des baisses de prix pour certains génériques, des prescriptions d'arrêts de travail plus encadrées, des tarifs harmonisés entre hôpitaux et cliniques: les mesures du rapport que s'est procuré mardi l'AFP visent à tenir l'objectif d'évolution des dépenses fixé par Nicolas Sarkozy.
Cette batterie de propositions, dans laquelle le gouvernement pourra puiser à sa guise pour le budget 2012 de la Sécurité sociale, sont dans la continuité de celles présentées chaque année.
Certaines sont plus originales, comme celles visant à demander aux assureurs de mettre davantage la main à la poche pour rembourser l'assurance maladie quand leurs clients sont responsables d'accidents.
Il peut s'agir de frais d'hospitalisation, mais aussi de pensions d'invalidité. En rendant les signalements d'accidents plus systématiques ou encore en révisant certains protocoles avec les assureurs, 200 millions d'euros d'économies seraient possibles en 2012.
Les mesures au plus fort impact financier (730 millions d'euros) visent les "produits de santé".
L'assurance maladie demande notamment "une baisse de prix substantielle" des versions génériques des anti-ulcéreux ou encore des anticholestérols. Elle veut aussi une baisse des prix des médicaments très coûteux délivrés à l'hôpital, contre le cancer par exemple, pour 150 millions d'euros.
Elle compte par ailleurs faire 200 millions d'euros d'économies en continuant à rapprocher les tarifs que lui facturent pour des mêmes actes les cliniques et les hôpitaux (différents de ceux acquittés par les patients).
Un encadrement plus strict des prescriptions des médecins, en les incitant par exemple à diminuer la durée des arrêts de travail ou le nombre de séances de kinésithérapie prescrites pour une pathologie donnée, est aussi souhaité.
Toutes ces économies potentielles sont en réalité des sommes qui seraient dépensées en l'absence de mesures, sur un total de dépenses annuelles de plus de 190 milliards d'euros.
Additionnées, elles permettraient de tenir l'objectif de progression des dépenses d'assurance maladie fixé à 2,8% pour 2012 par le gouvernement, mais seraient loin de régler le problème du déficit de la branche (plus de dix milliards d'euros en 2011).
"L'assurance maladie ne pourra rétablir l'équilibre de ses comptes uniquement en agissant sur ses dépenses", a donc lancé l'assurance maladie à l'adresse des pouvoirs publics, qu'elle appelle à réformer plus largement le financement de la protection sociale.
Celui-ci ne doit pas pas seulement peser sur le travail, a-t-elle souligné. Elle a aussi rappelé le poids des exonérations de cotisations de sécurité sociale non compensées (3,1 milliards d'euros en 2010) et appelé l'Etat employeur à contribuer à l'assurance maladie à même hauteur que les entreprises.
L'assurance maladie a aussi demandé un alignement du taux de CSG des retraités sur celui des actifs, d'autant plus légitime à ses yeux que les personnes âgées consomment de plus en plus de soins.
Au sujet des personnes âgées, elle a aussi mis en garde: la prochaine réforme de la dépendance ne devra pas se traduire par de nouvelles dépenses pour l'assurance maladie si l'on veut voir baisser son déficit.