Des dossiers aussi brûlants que le sauvetage de l'économie grecque et de la zone euro, la présidence française du G20, le budget 2012 ou la fiscalité occuperont le haut de la pile sur le bureau passablement encombré de François Baroin à Bercy.
Première urgence du nouveau ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, successeur de Christine Lagarde: la Grèce et les affaires européennes. La zone euro pourrait débloquer dimanche 12 milliards d'euros supplémentaires pour éviter la faillite immédiate de l'économie hellène et un effet domino sur l'ensemble de la zone.
Ce nouveau rendez-vous crucial, qui réunira les ministres de la zone euro à Bruxelles, figure dès à présent à l'agenda de François Baroin et s'annonce comme un examen de passage, tant la nouvelle directrice du Fonds monétaire international était louée par ses pairs pour ses talents de négociatrice.
L'entregent de Christine Lagarde, sa complicité avec son homologue allemand Wolfgang Schäuble qui favorisait l'entente entre Paris et Berlin et sa parfaite maîtrise de l'anglais, une langue que son successeur manie difficilement, constituaient des atouts majeurs.
"Ce sont des sujets extrêmement techniques dans lesquels le nouveau ministre devra se plonger rapidement", souligne Philippe Martin, professeur d'économie à Science Po.
Pour son confrère Elie Cohen (CNRS), le plan de sauvetage de la Grèce "ne règlera pas le problème, le pays étant insolvable". En conséquence, ajoute-t-il, François Baroin devra vraisemblablement engager très rapidement des "négociations ardues" avec l'Allemagne pour rechercher des "solutions plus durables".
Second dossier: la présidence française du G20, pilotée par Bercy sous la houlette de l'Elysée. Le point d'orgue sera posé par le sommet de Cannes, les 3 et 4 novembre prochains.
Mais paradoxalement, ce dossier cher au président Nicolas Sarkozy pourrait passer au second plan. La régulation des marchés financiers voulue par la présidence française est une affaire de longue haleine et, comme le relève Elie Cohen, "les sherpas sont au travail depuis longtemps".
L'expérience internationale de Christine Lagarde et son anglais presque parfait seraient ainsi un peu moins indispensables à son successeur.
Afin d'assurer la continuité, celui-ci pourrait aussi rappeler dans son cabinet quelques poids lourds du cabinet sortant. "En pleine présidence française du G20 et crise de la zone euro, la logique voudrait que le nouveau ministre conserve les conseillers de Christine Lagarde qui sont déjà à la manoeuvre et portent les négociations depuis des mois", observe-t-on à Bercy.
Le budget, la fiscalité et les promesses de Paris à l'égard de Bruxelles sur le respect des engagements de la France en matière de déficit et de dette pourraient former le troisième "package".
Début juin, la Commission européenne a appelé Paris à redoubler d'efforts et à prendre des "mesures complémentaires" pour ramener en 2013 son déficit à 3% du PIB, la limite tolérée par le Pacte de stabilité européen.
"Cela veut dire que la France devra faire des prévisions de croissance plus réalistes pour les années qui viennent et engager dès le budget 2012 des mesures fiscales supplémentaires", souligne Elie Cohen.
Cette dimension sera nettement plus familière à François Baroin qui quitte le cinquième étage de Bercy, celui du Budget, pour le sixième, celui de l'Economie et des Finances. Et il pourra en parler en toute connaissance de cause avec Valérie Pécresse qui lui succède au Budget.