Le groupe de luxe italien Prada a ouvert en petite hausse de 0,25% vendredi au premier jour de sa cotation à la Bourse de Hong Kong, devenant le dernier groupe en date à choisir cette place au coeur de l'Asie pour lever des capitaux, dans un climat boursier morose.
L'action du groupe italien a ouvert à 39,60 dollars de Hong Kong (3,56 euros), en légère hausse par rapport à son cours d'introduction à 39,50 HKD (3,55 euros), la Bourse de Hong Kong ouvrant sur un gain de 0,39%.
A la pause de midi, l'action Prada s'échangeait à 39,55 HKD et la Bourse grimpait de 1,42%.
Le groupe familial, qui détient les griffes Prada, Miu Miu, Church's et Car Shoe, a préféré Hong Kong à Milan ou Londres pour introduire en Bourse 20% de son capital, signe que l'Asie est devenue incontournable pour les marques de luxe.
"Nous sommes le premier groupe de luxe italien coté ici et c'est un événement marquant pour la Bourse de Hong Kong", a déclaré le directeur général de Prada, Patrizio Bertelli, juste avant le début de la cotation.
"Je suis sûr que le marché chinois va constituer un marché intéressant pour les marques de luxe. Les premiers signes sont très positifs", a-t-il déclaré aux journalistes, peu après le début de la cotation.
Ronald Arculli, président de la Bourse de Hong Kong a salué "le bon début" de Prada et indiqué que la place honkongaise faisait tout pour attirer des entreprises de qualité, malgré des marchés boursiers volatils.
"Nous nous attendions à une baisse de l'action comprise entre 3 et 5% dans les premiers échanges, Prada réalise donc une belle performance", a estimé Ben Kwong, analyste chez KGI Asia.
La semaine dernière, Prada a levé 2,14 milliards de dollars US (1,49 milliard d'euros) en vendant aux investisseurs quelque 423,2 millions d'actions au prix de 39,50 HKD, soit moins que prévu initialement.
Le groupe avait d'abord envisagé un prix de 48 HKD par action, permettant de lever 2,6 milliards USD.
Le prix d'introduction, bien que revu en baisse, est considéré comme trop élevé par certains analystes, et un problème de fiscalité pourrait peser sur l'enthousiasme des investisseurs.
Après cette introduction, le groupe restera contrôlé par la famille Prada et M. Bertelli, mari de Miuccia Prada, la petite-fille du fondateur qui a pris les commandes à la fin des années 1970.
Le groupe avait envisagé de se coter à plusieurs reprises ces dernières années, mais y avait renoncé chaque fois à cause de marchés moroses.
Or depuis quelques semaines, les Bourses sont à nouveau déprimées.
Samsonite, le numéro un mondial des bagages, a effectué mi-juin un début en demi-teinte à Hong Kong, terminant sa première séance en baisse de près de 8% par rapport à son prix d'introductoin.
Les investisseurs pourraient aussi être refroidis par l'absence de traité fiscal entre Rome et Hong Kong. Les actionnaires risquent de devoir payer l'impôt italien sur les plus-values (12,5%) et perdre 27% de leur dividende sous l'effet d'une autre taxe.
Une introduction en Asie accroît cependant la notoriété de la marque dans la région, selon les analystes.
Plusieurs marques ont exprimé leur intérêt pour une cotation sur cette Bourse, ou sont données partantes par la presse, tels l'américain Coach (accessoires) ou le britannique Burberry (vêtements).
Une introduction à Hong Kong constitue également une porte d'entrée privilégiée pour accéder à un marché chinois du luxe en très rapide expansion.
Portée par sa forte croissance économique, la Chine devrait devenir d'ici 2015 le premier consommateur au monde de produits de luxe tels que montres, sacs à main, cosmétiques, chaussures et vêtements, selon le cabinet PricewaterhouseCoopers.
Les débuts de Prada ont été légèrement ternis par une manifestation d'une vingtaine de personnes, devant la Bourse, dénonçant le licenciement abusif, entaché, selon elles, de discrimination sexuelle d'une ancienne employée de Prada au Japon, Rina Bovrisse.