La croissance économique a nettement accéléré au premier trimestre en zone euro, grâce notamment aux investissements des entreprises, selon des données détaillées publiées mercredi qui, pour les économistes, confirment que l'activité va ralentir sur le reste de l'année.
Le Produit intérieur brut (PIB) de la zone euro a augmenté au premier trimestre de 0,8%, après 0,3% sur les trois derniers mois de 2010, a confirmé l'office européen des statistiques Eurostat dans une deuxième estimation.
L'accélération a été particulièrement sensible pour les investissements des entreprises (formation brute de capital fixe), qui ont progressé de 2,1% alors qu'ils étaient restés stables au quatrième trimestre 2010, a détaillé l'office.
Les économistes y voient en partie les conséquences d'un rebond de l'activité dans le secteur de la construction, qui avait été pénalisée fin 2010 par le mauvais temps.
Chiara Corsa, économiste chez Unicredit, relève aussi "une autre bonne surprise" du côté des dépenses des administrations publiques, qui ont augmenté de 0,8% après un repli de 0,1% le trimestre précédent.
La consommation des ménages en revanche a continué de progresser au même rythme, avec une hausse de seulement 0,3%.
Et la contribution du commerce extérieur a aussi été limitée: les exportations ont certes crû de 1,8% au premier trimestre après 1,7% les trois mois précédents, mais les importations ont accéléré bien davantage, de 1,9% après 1,3%.
Les économistes s'entendent à dire que le rebond de la croissance devrait conforter la Banque centrale européenne (BCE) dans sa volonté de relever de nouveau son taux directeur, très probablement dès juillet, en réaction à l'augmentation de la pression inflationniste en zone euro.
Mais ils voient aussi dans les données détaillées sur la croissance une preuve supplémentaire que celle-ci va ralentir.
"Le rythme de la reprise a atteint son pic au premier trimestre et la croissance sera probablement matériellement plus lente au deuxième trimestre et au-delà", prévient Jonathan Loynes chez Capital Economics.
Il souligne notamment que les dépenses publiques seront probablement moins importantes du fait des programmes d'austérité mis en place dans la plupart des pays européens pour réduire les déficits, qui vont aussi peser sur la consommation des ménages. Quant aux exportations, elles risquent de souffrir du ralentissement de la croissance mondiale et de l'euro fort.
"Les prix toujours élevés du pétrole, de l'alimentation et des matières premières pèseront aussi sur l'activité tout en réduisant le pouvoir d'achat des consommateurs et en augmentant les coûts des entreprises dont les marges vont être réduites", note aussi Howard Archer chez IHS Global Insight.