
Impôts, sécu, Urssaf... Les méandres administratifs peuvent sembler insurmontables quand on vient de monter son entreprise grâce au microcrédit mais l'Association pour l'initiative économique (Adie), pionnière en France, aide les créateurs à s'y retrouver.
L'Adie, qui fête la septième "Semaine du microcrédit", met depuis 1989 le pied à l'étrier de personnes en difficulté en leur prêtant quelques centaines à quelques milliers d'euros pour monter leur boîte. Mais sa mission ne s'arrête pas là: elle les accompagne ensuite dans leurs difficultés quotidiennes.
Depuis cinq ans, l'Adie de Saint-Denis aide les gens du voyage à monter leur mini-entreprise. Ils sont souvent ferrailleurs, font de la vente sur les marchés, de l'élagage et d'autres menus travaux, des activités pas toujours déclarées, expliquent les bénévoles et salariés de l'antenne de Saint-Denis.
Si les débuts ont été difficiles, le bouche à oreille a ensuite bien fonctionné.
"Ils avaient surtout peur de perdre la CMU (couverture maladie universelle) ou le RSA", le revenu de solidarité active, en déclarant leur activité, explique Sophie Emery, responsable du crédit sur le nord de l'Ile-de-France.
Ce jour-là, entre quatre et six personnes ont rendez-vous dans les locaux de l'association.
S., vendeur sur les marchés, vient de recevoir une lettre d'huissier lui réclamant près de 2.000 euros d'arriérés de cotisations au Régime spécial des indépendants (RSI, la Sécu des professions indépendantes), une somme qui dépasse le chiffre d'affaires annuel du jeune homme...
Isabelle Tréguer, une bénévole, appelle le RSI puis l'huissier, pour tenter d'y voir plus clair tandis que le jeune homme insiste: "Je suis bon payeur mais là, je paye pas ça, hors de question". Isabelle va l'aider à écrire les courriers.
En 2010, l'Adie Seine-Saint-Denis a accordé 684 prêts pour un taux de remboursement de 91%, et accompagné 464 clients.
Martine Fehner, bénévole elle aussi, aide L. à remplir ses déclarations de chiffre d'affaires, sur lesquelles sont calculées les cotisations au RSI. "Donc là, 5,5%, ça te fait 28 euros à payer, mais pour 2011, ça passe à 10%, donc 46 euros": calculette en main, Martine remplit les formulaires à toute vitesse. Un jeu d'enfant pour cette comptable de formation.
En face d'elle, un peu perdu, L. fouille fébrilement dans sa sacoche et dans son sac en plastique, au fur et à mesure que Martine lui demande des documents. Mais il ne regrette pas d'avoir monté sa boîte de petits travaux (élagage, maçonnerie...) avec un microcrédit et l'aide du statut d'auto-entrepreneur qui, depuis 2009, simplifie les démarches.
"Tous ces papiers, on peut les montrer à la police, c'est très important, qu'ils voient qu'on est déclaré", dit L., en bleu de travail.
Sans l'aide de l'Adie, "j'y arriverais pas", ajoute-t-il.
De son côté, Martine passe aux déclarations à la Caisse d'allocations familiales pour le calcul du RSA; cette fois, c'est le "revenu d'activité" et non le chiffre d'affaires qu'il faut inscrire dans les cases.
L'Adie n'est pas le seul acteur du microcrédit en France. France Active par exemple permet à des "micro-entrepreneurs" d'accéder aux prêts bancaires en se portant garante. France Initiative accorde des prêts d'honneur à taux zéro permettant de déclencher des prêts bancaires.