Les chiffres officiels de l'emploi publiés vendredi aux Etats-Unis ont mis en évidence la fragilité de la reprise de l'économie américaine.
Selon le rapport officiel sur l'emploi du département du Travail, les embauches ont chuté en mai et le taux de chômage est remonté, pour le deuxième mois de suite, à 9,1%, son plus haut niveau depuis le début de l'année.
Alors que les embauches s'étaient faites à un rythme moyen de 220.000 par mois de février à avril, l'économie américaine n'a créé que 54.000 emplois nets en mai, a indiqué le ministère. Les analystes attendaient trois fois plus de créations de postes.
C'est la hausse de l'emploi la plus faible depuis septembre 2010.
Au coeur de toutes les attentions, le secteur privé n'a créé que 83.000 emplois (sa plus faible contribution depuis le mois de juin 2010), tandis que le secteur public, sous pression budgétaire constante, supprimait des emplois pour le septième mois d'affilée.
"C'est horrible, et si nous pensions que cela devait continuer bien plus qu'un mois ou deux, nous serions extrêmement inquiets", a indiqué Ian Shepherdson, économiste du cabinet HFE, pour qui les choses devraient s'améliorer pendant l'été.
"Nous ne pensons pas que l'économie soit en train de retomber dans la récession", ont renchéri les analystes de RDQ Economics. "Mais nous avons certainement sous-estimé les effets de court terme de la poussée des prix de l'énergie et des matières premières [...] et des perturbations sur la chaîne d'approvisionnement provoquées par le séisme au Japon".
La croissance économique des Etats-Unis a nettement ralenti au premier trimestre, où elle est tombée à 1,8% en rythme annuel, soit bien en-deçà du potentiel de croissance du pays.
Paradoxalement, les embauches étaient apparues particulièrement robustes aux mois de janvier et mars, et encore en avril, ce qui avait eu tendance à rassurer les économistes.
Depuis quelques semaines néanmoins, les signes de ralentissement de l'activité se multiplient, et l'espoir de voir la reprise s'accélérer vraiment a été reporté à l'été.
Comme d'autres avant eux, les économistes de Barclay's Capital ont indiqué vendredi avoir revu en forte baisse leur prévision de croissance pour les Etats-Unis au deuxième trimestre, à 2,0%. Ils misent désormais sur 3,0% pour le troisième, soit 0,5 point de moins qu'auparavant.
Commentant les chiffres de l'emploi, le chef du groupe républicain à la Chambre des représentants, Eric Cantor, a continué d'accuser le gouvernement d'avoir "lié les mains des petits entrepreneurs avec des règlements qui entravent la croissance", et a appelé à une nouvelle libéralisation.
La Maison Blanche a estimé que l'économie s'était "améliorée considérablement depuis deux ans", mais le président Barack Obama a reconnu qu'il y avait "encore un long chemin à parcourir", en "terrain accidenté", avant que soit apaisées "les blessures de la récession".
Alistair Bentley, économiste de TD Financial, juge que "la question est maintenant de savoir si le ralentissement des embauches de mai est un revers temporaire ou durable".
Pour lui, cela témoigne en tout cas "que la reprise de l'économie américaine est fragile et qu'elle n'a qu'une capacité d'absorption des chocs limitée", ce qui est "navrant" compte tenu des incertitudes relatives à l'évolution des cours du pétrole et de la crise de la dette dans certains pays d'Europe.