
A deux jours du G8, la candidature de Christine Lagarde au FMI semble toujours avoir le vent en poupe en dépit d'un calendrier serré, la justice devant dire le 10 juin, jour de clôture des candidatures, si elle enquête sur la ministre française de l'Economie dans l'affaire Tapie.
Un classement sans suite et Christine Lagarde ferait un pas décisif vers le siège du Fonds monétaire international (FMI) à Washington où elle pourrait succéder à Dominique Strauss-Kahn, qui a démissionné mercredi dernier de son poste de directeur général après son inculpation pour crime sexuel.
A l'inverse, l'ouverture d'une enquête de la Cour de justice de la République visant Christine Lagarde ou même un simple report de la décision pourraient contrarier singulièrement sa candidature qui n'est d'ailleurs toujours pas officielle.
Le ministre de l'Economie et des Finances a annoncé mardi soir que Christine Lagarde donnerait mercredi en fin de matinée une conférence de presse, sans en préciser l'objet, relançant les conjectures sur ses intentions.
En 2007, la ministre avait approuvé le recours à un tribunal arbitral privé pour solder le contentieux qui opposait l'ancien ministre et patron d'Adidas, Bernard Tapie, aux liquidateurs du Crédit Lyonnais, ancienne banque publique française, autour de la vente litigieuse de la firme d'articles de sport. Avec, au bout du compte, une facture astronomique pour l'Etat français et les contribuables: 385 millions d'euros.
Sur le terrain diplomatique, la candidature de Christine Lagarde n'attendrait plus qu'un signal venant de ses homologues européens, même si plusieurs grands pays européens, comme l'Allemagne, le Royaume-Uni ou l'Italie se sont déjà prononcés en sa faveur.
Plus qu'à la France, c'est à l'Europe qu'il appartient de la présenter, a observé en substance mardi le ministre du Budget et porte-parole du gouvernement François Baroin.

Le gouvernement français fait profil bas, soucieux de ne heurter personne. "Nous ne voulons adresser aucun geste qui pourrait être interprété comme une forme de mépris des pays émergents, et aucun geste ou signe d'arrogance, compte tenu des circonstances", a souligné François Baroin.
Plusieurs pays émergents estiment que le temps est venu de reconnaître leur poids croissant dans l'économie mondiale et d'en finir avec la règle non écrite d'une direction générale du FMI invariablement dévolue à un Européen depuis sa création en 1944.
François Baroin a cependant assuré mardi que la Chine, devenue la deuxième économie mondiale après les Etats-Unis, était désormais "favorable" à la candidature de Christine Lagarde, ce qui, venant du premier des "émergents" serait évidemment décisif.
Mais l'information n'a pas été confirmée à Pékin où l'on s'en tient à des propos sibyllins tenus la semaine dernière par le gouverneur de la banque centrale chinoise, Zhou Xiaochuan. La nouvelle direction du Fonds devra "mieux refléter les changements dans la structure économique mondiale et mieux représenter les marchés émergents", avait-il déclaré.
Même prudence au Japon, deuxième bailleur de fonds du FMI, où le ministre des Finances Yoshihiko Noda a estimé qu'il était encore trop tôt pour évaluer les candidatures.
Directeur général par intérim du FMI, John Lipsky, a jugé Christine Lagarde "très talentueuse et expérimentée" mais estimé très diplomatiquement qu'elle trouverait des concurrents "tous excellents" sur sa route.
Des candidats chinois, indien, sud-africain, kazakh sont ou seraient aussi sur les rangs, de même que le ministre belge des Finances, Didier Reynders ou le gouverneur de la banque centrale du Mexique Augustin Carstens.
La situation pourrait se décanter jeudi et vendredi au G8 de Deauville (France) où le président français Nicolas Sarkozy recevra les dirigeants des pays les plus puissants de la planète.