
Les Français dépensent de plus en plus pour leur logement, notamment à l'achat en recourant au crédit immobilier, du fait d'une explosion des prix dans l'ancien qui progressent beaucoup plus vite que leurs revenus, selon l'Insee.
De 1998 à 2010, les prix des logements anciens ont plus que doublé (+141%) et cette hausse a été beaucoup plus rapide que celle des revenus (+43%), indique une étude de l'Institut national de la statistique publiée mardi.
Aussi, "un poids croissant" pèse sur les dépenses "que les ménages consacrent à leur logement (loyers ou mensualités de remboursement des emprunts, charges collectives et dépenses individuelles d'énergie et d'eau)", souligne le document.
"Les prix de l'immobilier montent facilement mais ils peinent à redescendre", a expliqué le directeur général de l'Insee, Jean-Philippe Cotis, lors d'une conférence de presse.
"Ils ont une certaine tendance à être rigides à la baisse pour des raisons qui relèvent du domaine affectif. Les propriétaires se forment une idée de la valeur de leur bien et peinent à en démordre lorsqu'ils sont appelés à le revendre", a-t-il expliqué.
Autres raisons spécifiques à la France, alors qu'aux Etats-Unis et en Espagne la baisse a été spectaculaire: "la baisse des taux d'intérêt à long terme, ainsi que les économies d'impôts associés à la loi Scellier (pour les investisseurs louant leurs logements, ndlr) qui viennent soutenir la demande immobilière des ménages".
Selon l'Insee, les loyers ont augmenté en moyenne un peu moins vite (+2,4% par an en moyenne, soit 33% sur la période étudiée) que les revenus, mais plus rapidement que les prix à la consommation (+21%).
Entre 2000 et 2010, les loyers du secteur privé et ceux du secteur social (principalement HLM) ont connu la même progression (+29%).
Le montant des remboursements d'emprunts liés uniquement à l'habitat est en moyenne trois fois plus élevé (745 euros par mois en 2008) que celui des crédits liés seulement à la consommation (249 euros), selon une autre étude consacrée à l'"endettement et le recours aux services bancaires".
Mais ce sont plutôt les ménages aisés (55% d'entre eux ont un crédit immobilier) qui en profitent pour se constituer un patrimoine contre seulement 7% pour les ménages modestes, alors que dans d'autres pays, beaucoup de gens peu fortunés ont perdu leur maison pour avoir succombé aux mirages des crédits à taux variables.
Le total des crédits immobiliers accordés en 2010 s'est élevé à 168 milliards (+41% par rapport à la crise de 2009), pas très loin du record de 2007 (170 milliards).
Conséquence favorable: seulement 2% des ménages consacrant plus d'un tiers de leur revenu disponible aux remboursements ont déposé un dossier de surendettement, essentiellement pour des prêts à la consommation.
Mais 3,8 millions de ménages (14,4% du total) se retrouvent toutefois en situation de "précarité énergétique" car ils consacrent plus de 10% de leurs revenus à régler leurs factures d'énergie pour se chauffer et s'éclairer, selon une troisième étude intitulée "avoir froid ou dépenser trop pour se chauffer".
Pour remédier à ce phénomène, le gouvernement a lancé le programme "Habiter mieux" qui doit permettre de sortir 300.000 ménages de la précarité énergétique en sept ans, dont 135.000 d'ici 2013, grâce à une dotation de 1,35 milliard d'euros (500 millions de l'Etat, 600 millions de l'Agence nationale de l'habitat et 250 millions des fournisseurs d?énergie).
Les besoins restent toutefois impressionnants: un rapport rendu public en janvier préconisait un plan de près de 4 milliards d'euros en 10 ans pour aider les plus démunis à réduire leurs factures de chauffage et d'électricité.