La France a créé au premier trimestre de cette année 58.800 emplois salariés, des postes plus durables, moins liés à l'intérim, sur fond d'un net rebond de la croissance, laissant espérer aux yeux du gouvernement un repli du chômage, encore incertain.
Les créations nettes d'emploi dans le secteur marchand se sont accélérées au premier trimestre (+0,4%), après 37.600 emplois créés au quatrième trimestre 2010 et 22.200 au troisième, selon des données provisoires publiées par l'Insee vendredi.
Moteur des créations d'emploi en 2010, l'intérim a marqué le pas: seules 13.500 créations nettes lui sont imputables, contre 22.500 au dernier trimestre 2010.
Le rebond est essentiellement lié au secteur tertiaire, qui comptabilise aussi l'intérim. A lui seul, ce secteur a crée la quasi-totalité des emplois: 56.800 postes nets (+0,5%), alors que la construction n'en a produit que 1.400.
Quant à l'industrie, elle a juste réussi à se stabiliser (+600 postes), mais c'est déjà un signe positif pour le ministère du Travail qui rappelle qu'il s'agit de la première hausse de l'emploi industriel hors intérim "depuis dix ans".
L'embellie intervient sur fond d'une poussée inespérée de la croissance au premier trimestre de 1%. "Le gouvernement reste concentré sur la croissance et l'emploi. Les résultats, on est en train de les avoir", s'était réjoui jeudi soir le Premier ministre François Fillon sur TF1.
"Ces chiffres très positifs constituent un signal supplémentaire de la reprise très solide de l?activité" et "sont cohérents avec la diminution continue du nombre de demandeurs d?emplois depuis le début de l?année", a souligné, de son côté, le ministre du Travail, Xavier Bertrand.
En effet, depuis début 2011, le nombre de demandeurs d'emploi sans activité a reculé mois après mois- à 2,68 millions de personnes à fin mars - une situation inédite depuis la plongée dans la crise en 2008.
M. Bertrand mise désormais sur un repli du taux de chômage sous la barre de 9% d'ici fin 2011 (contre 9,2% fin 2010).
Pourtant, en 2010, les 124.600 postes nets créés sur l'année n'avaient pas réussi à faire reculer le taux de chômage compte tenu de l'arrivée sur le marché des jeunes générations.
Selon le calcul de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), le nombre d'actifs va encore s'accroître en 2011 de 140.000, compte tenu à la fois du facteur démographique et de la réforme des retraites.
Pour faire reculer le taux de chômage, les créations nettes d'emplois doivent donc dépasser les 140.000, ce qui reste encore incertain, estime Mathieu Plane, expert à l'OFCE.
Selon lui, "la croissance sera peu créatrice d'emploi" car, en période de sortie de crise, "les entreprises ont besoin de réaliser des gains de productivité" pour préserver leurs marges, au détriment de l'embauche de salariés.
C'est ce qui s'est produit au premier trimestre, puisqu'avec une croissance de 1% les créations d'emploi n'ont progressé que de 0,4%, ce qui signifie que "les entreprises ont réalisé des gains de productivité de 0,6 point", argue cet économiste.
Par ailleurs, tirée essentiellement au premier trimestre par un "facteur technique" - les variations de stocks des entreprises, qui y ont contribué pour 0,7 point - la croissance a besoin de relais "plus durable", souligne M. Plane.
La ministre de l'Economie Christine Lagarde a elle-même admis vendredi qu'il "très possible" que le deuxième trimestre soit moins brillant que le premier, maintenant sa prévision de croissance à 2% pour l'ensemble de l'année.