PSA Peugeot Citroën et Fiat vont mettre fin après 2017 à leur coopération sur le site de Sevelnord (Nord), une décision prise à l'initiative du constructeur automobile italien et qui pose la question de l'avenir des 2.800 salariés de l'usine.
Cette usine d'assemblage implantée à Hordain, près de Valenciennes fabrique les monospaces Peugeot 807, Citroën C8, ainsi que les véhicules utilitaires Peugeot Expert, Citroën Jumpy et Fiat Scudo.
Sur 90.000 véhicules produits l'an dernier, 80% l'étaient pour le groupe français et seulement 20% pour son partenaire italien. Pour autant, le départ de Fiat, après 2017, pose la question de l'avenir du site.
"Nous avons un problème", reconnaît Denis Martin, directeur industriel de PSA, dans un entretien à l'AFP.
"Nous allons travailler pour qu'au cours des prochaines années, nous mettions en oeuvre des solutions possibles et ce travail là, nous le ferons avec la Région et les pouvoirs publics en toute transparence", a-t-il assuré.
Pour les années à venir, la demande soutenue pour les véhicules utilitaires devrait permettre de maintenir le niveau de production actuel, selon lui.
"On a un volume (de commandes, ndlr) relativement fort qui donne la pérennité au site pour au moins les cinq à sept années qui viennent", a fait valoir M. Martin, qui a précisé que la production, actuellement de 420 véhicules par jour, doit passer en juin à 520 véhicules/jour.
Concernant le niveau d'emplois à Sevelnord, il s'est refusé à tout pronostic. "Ce que nous garantissons, c'est (...) de ne pas faire de promesses irresponsables", a-t-il martelé. Sevelnord, qui employait encore plus de 5.000 personnes au début des années 2000, a vu fondre ses effectifs au cours des dernières années.
Le syndicat CGT a réagi avec inquiétude à cette annonce. "Je me demande si ce n'est pas la mort annoncée de l'entreprise. Nous sommes les grands oubliés de PSA", a réagi Alain Porat, élu CGT au CE, après la tenue d'un comité d'entreprise extraordinaire jeudi matin.
"PSA dit qu'il se donne cinq ans pour trouver un nouveau partenaire. Mais qui?", s'interrogeait M. Porat.
Denis Martin, pour sa part, est resté muet sur la possibilité pour PSA de nouer un nouveau partenariat.
Le départ annoncé de Fiat de Sevelnord n'est que le dernier épisode du relâchement de la coopération entre les deux constructeurs, qui remonte à plus de 30 ans.
En 1978, PSA et Fiat lançaient leur coopération pour fabriquer un véhicule utilitaire, ce qui a débouché sur une production commune dans l'usine de Val di Sangro (Sevelsud) en Italie et la création en 1992 du site de Sevelnord, inauguré deux ans plus tard. En tout, 6,6 millions de véhicules ont été produits dans le cadre de cet accord.
Mais l'an dernier, Sevelnord a cessé de produire les monospaces Ulysse de Fiat et Fedra de Lancia (groupe Fiat), ce qui avait provoqué le transfert d'environ 200 salariés de Sevelnord vers d'autres sites de PSA.
"C'est Fiat qui a mis fin à notre partenariat à l'HORIZON 2017 sur Sevelnord", a précisé M. Martin. La production de véhicules utilitaires légers à Sevelsud (Peugeot Boxer, Citroën Jumper et Fiat Ducato) a en revanche été prolongée jusqu'en 2019.
Un porte-parole de Fiat, contacté par l'AFP, s'est refusé à tout commentaire supplémentaire.
PSA, qui est un des plus gros employeurs de la région Nord-Pas-de-Calais, a annoncé parallèlement des investissements de 355 millions d'euros sur les trois ans à venir pour son site de Valenciennes (Nord) et la Française de Mécanique à Douvrin (Pas-de-Calais), une coentreprise détenue à parts égales avec Renault et qui fabrique des moteurs.
Ceci se traduira par 400 créations d'emplois à Valenciennes.