Les partenaires sociaux, qui contribuent au financement de Pôle emploi via l'Unedic, ont formulé vendredi leurs exigences pour le service public de l'emploi, réclamant plus de moyens pour accompagner les chômeurs, dans une lettre aux pouvoirs publics dont l'AFP a eu copie.
Dans une "lettre paritaire relative au suivi, l'accompagnement et le reclassement des demandeurs d'emploi", les syndicats mais aussi le patronat soulignent qu'un agent de Pôle emploi suit aujourd'hui un nombre trop important de demandeurs d'emploi -environ 200- et a donc "des difficultés pour répondre correctement à la demande, tant au regard du retour à l'emploi que de l'indemnisation".
Aussi estiment-ils que le nombre de personnes suivies par un agent "doit être adapté et réduit sur la base d'un accompagnement personnalisé et éventuellement renforcé en fonction de la distance à l'emploi des intéressés".
"Les jeunes, les seniors et les chômeurs longue durée doivent faire l'objet d'une attention particulière parce qu'ils sont confrontés à des difficultés spécifiques", ajoutent-ils dans leur courrier commun.
Les partenaires sociaux souhaitent par ailleurs une "réorganisation de l'offre de service de Pôle emploi", moins "administrative" et plus orientée vers "l'accompagnement du retour à l'emploi".
Ils insistent sur la nécessité de mettre en adéquation les besoins des demandeurs et ceux du marché du travail, de mieux articuler "la collecte des offres et le suivi des demandeurs d'emploi", notamment "pour les secteurs en tension".
"Cette mise en adéquation est un vrai travail. Il s'agit de trouver les bonnes personnes pour les bons postes ou, sinon, de leur proposer des formations qualifiantes ou de reconversion", a expliqué Gabrielle Simon (CFTC), selon laquelle la majorité des partenaires sociaux ont signé la lettre.
La CGT a toutefois indiqué à l'AFP son refus de signer, jugeant les demandes insuffisantes, manquant "d'orientations politiques" et élaborées à la hâte.
Son représentant Maurad Rabhi a aussi exprimé sa méfiance face à une lettre demandant une meilleure adéquation entre l'offre et la demande, quelques jours après que le ministre de l'Emploi Xavier Bertrand a appelé à "l'application de la loi" qui prévoit la suspension des allocations après deux refus "d'offres raisonnables d'emploi".
Fin avril, le ministre avait aussi fait savoir qu'il comptait "fixer une nouvelle feuille de route à Pôle emploi", alors que s'ouvrent ce mois-ci des discussions tripartites pour élaborer une nouvelle convention Etat-Unedic-Pôle emploi.
La lettre paritaire, qui précède ces discussions, rappelle que les partenaires sociaux sont fondés à formuler leurs propres exigences et à "évaluer la mise en oeuvre par Pôle emploi des règles d'indemnisation qu'ils fixent" puisque, par l'intermédiaire de l'Unedic, salariés et entreprises participent aux deux tiers du financement du budget d'accompagnement et de reclassement des chômeurs via Pôle emploi.