Après la conclusion mardi d'un accord entre le gouvernement démissionnaire portugais et la mission UE-FMI sur une aide de 78 milliards d'euros, le principal parti d'opposition doit à son tour s'engager sur le programme à appliquer à l'issue des élections anticipées du 5 juin.
Mardi soir, le Premier ministre socialiste, José Socrates, a annoncé être parvenu à un "bon accord", avec un programme sur trois ans qui permettra une réduction du déficit "plus graduelle" que prévu, à 3% du PIB fin 2013, après un déséquilibre de 9,1% l'an dernier.
Afin d'obtenir des garanties à la mise en oeuvre de ce programme, quelle que soit l'issue des élections, les représentants de l'Union européenne et du Fonds monétaire international ont rencontré mercredi les dirigeants du principal parti d'opposition, le Parti social-démocrate (PSD, centre-droit), et du parti de droite minoritaire CDS.
"Nous écrirons une lettre aux instances internationales dans laquelle nous donnerons notre soutien au programme et nous engagerons à appliquer ses objectifs", a déclaré dans la soirée le président du CDS Paulo Portas, arguant que "le Portugal est dans une situation d'urgence et doit éviter l'insolvabilité de l'Etat".
Le PSD doit annoncer sa position jeudi, mais son président Pedro Passos Coelho a réaffirmé mercredi qu'il "ne laisserait pas le pays arriver à une situation de banqueroute", alors que le Portugal doit rembourser 5 milliards d'euros de dette le 15 juin.
Opposés à l'intervention internationale, les partis de la gauche antilibérale ont refusé de participer aux négociations.
Jeudi à 10H00 GMT, les chefs de la mission UE-FMI tiendront une conférence de presse à Lisbonne pour présenter leurs conclusions. Le plan de sauvetage portugais devrait être entériné par les ministres des Finances de l'UE le 16 mai.
Troisième pays de la zone euro à faire appel à une aide extérieure, après la Grèce et l'Irlande l'an dernier, le Portugal a cédé à la pression des marchés début avril, deux semaines après la démission de M. Socrates, désavoué lors du rejet au Parlement d'un nouveau programme de rigueur.
Selon le texte de l'accord, publié par plusieurs médias portugais, ce plan d'aide comprendra des mesures de rigueur supplémentaires en 2012 et 2013, permettant de réduire le déficit public de 10 milliards d'euros cette année (5,9% du PIB) à 5,2 milliards fin 2013.
Ces économies seront obtenues notamment grâce à une réduction des retraites supérieures à 1.500 euros et au gel des pensions moyennes, un plafonnement des déductions fiscales à l'impôt sur le revenu, une hausse du taux de TVA appliqué à certains produits, ainsi que des taxes sur la vente de véhicules et du tabac.
La durée des allocations chômage sera réduite et leur montant plafonné. Le prochain gouvernement devra en outre réformer les marchés du travail et de l'énergie, ainsi que le système judiciaire, et accélérer un programme de privatisations devant rapporter quelque 5,5 milliards d'euros.
Jusqu'à 12 milliards d'euros de l'enveloppe totale seront mis à disposition des banques, qui devront augmenter leur niveau de solidité financière.
L'accord table sur une récession de l'économie portugaise de 2% en 2011 et en 2012, puis sur un retour de la croissance en 2013, a précisé l'agence Lusa.
D'après le Diario Economico, le Portugal paiera pour ce prêt un taux d'intérêt aggravé de 2 points de pourcentage par rapport au taux auquel se finance le Fonds européen de stabilité financière (FESF), soit "4,68% s'il était calculé à ce jour".