Le groupe laitier français Lactalis a pris tout le monde de court en annonçant mardi une offre d'achat sur l'italien Parmalat mais Rome, qui avait tout tenté pour bloquer le français, et Paris assurent ne pas vouloir de "guerre" et veulent parvenir à un accord.
Cette annonce inattendue est intervenue le jour du sommet à Rome entre le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi et le président français Nicolas Sarkozy.
Lactalis, qui détient déjà 28,969% de Parmalat depuis mars, "a décidé de lancer une offre publique d'achat sur la totalité des actions Parmalat à un prix de 2,60 euros par action" pour un montant de 3,375 milliards d'euros, a-t-il indiqué, sans préciser le calendrier de l'opération.
Cette annonce a entraîné un bond de l'action Parmalat de 10,73% à 2,56 euros.
Lactalis a expliqué sa décision par le "changement du cadre réglementaire" entraîné par les mesures de défense de Parmalat prises par Rome ces dernières semaines.
Alors que Rome avait tout fait pour bloquer l'offensive de Lactalis, Silvio Berlusconi a indiqué qu'il considérait que l'offre du français n'était "pas hostile".
Selon une source proche du dossier, une contre-offre de la part de la Caisse des dépôts italienne, contrôlée par l'Etat, et des banques est donc "très improbable pour des raisons financières et étant donné le ton adopté par MM. Berlusconi et Sarkozy qui ont montré leur volonté de parvenir à un accord".
La Caisse des dépôts et ses partenaires financiers envisageaient en fin de semaine dernière de lancer une offre sur 60% de Parmalat pour environ 3 milliards mais surenchérir sur Lactalis leur coûterait désormais autour de 5 milliards.
M. Berlusconi, qui a évoqué le "souhait commun" de l'Italie et de la France de "créer de grands groupes" transnationaux, espère désormais que l'alliance italienne fera des propositions à Lactalis afin de prendre une participation dans Parmalat et éviter ainsi que l'OPA "n'arrive à son terme".
"Il n'y a pas lieu de se faire une guerre (...) Lactalis est le premier acheteur de lait de Parmalat. Nous sommes condamnés à trouver une solution", a souligné M. Sarkozy, annonçant que le secrétaire général de l'Elysée Xavier Musca et un proche collaborateur de M. Berlusconi allaient "tout faire pour essayer de rapprocher les positions".
Avec Parmalat, Lactalis deviendrait le "premier groupe mondial" du secteur laitier avec un chiffre d'affaires d'environ 14 milliards d'euros, a indiqué le groupe français.
Afin de rassurer, Lactalis a assuré qu'il avait un "projet ambitieux" pour Parmalat et qu'il voulait maintenir le siège en Italie et "sauvegarder les emplois et la filière italienne du lait, dans l'intérêt de l'économie locale".
Le français envisage en outre de regrouper au sein de Parmalat ses activités européennes dans le lait et entend faire en sorte que Parmalat reste coté à la Bourse de Milan en revendant "si nécessaire" une part.
Afin de défendre Parmalat, Rome, qui ne digérait pas la multiplication des manoeuvres des groupes français en Italie (rachat du joaillier Bulgari par LVMH, intention d'EDF de prendre le contrôle d'Edison...), avait permis au groupe de repousser son assemblée générale fin juin afin de donner du temps à la formation d'une alliance italienne.
Le gouvernement avait également annoncé la création d'un fonds d'investissement, sur le modèle du FSI français, afin de prendre des parts dans les groupes stratégiques pour les défendre des appétits étrangers.