L'ocde a réduit de moitié, à 0,8%, sa prévision de croissance en 2011 pour le Japon affecté par un très fort séisme, mais l'organisme a estimé que l'économie nippone progresserait plus vite que prévu en 2012 grâce aux travaux de reconstruction.
"L'impact immédiat du désastre devrait être important, au-delà des zones détruites par le séisme et le tsunami" dans le nord-est, explique l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans un rapport sur les conséquences de la catastrophe publié jeudi.
"Cependant, l'expérience des désastres précédents au Japon et dans les pays développés indique que ce choc à court terme sera suivi d'un rebond encouragé par les dépenses de reconstruction", ajoute-t-elle.
En conséquence, l'OCDE estime que la croissance de la troisième puissance économique mondiale sera limitée à 0,8% en 2011, contre 1,7% attendu précédemment, mais qu'elle atteindra 2,3% en 2012, au lieu des 1,3% envisagés jusque-là.
"Nous sommes très confiants, le Japon va surmonter cette épreuve", a assuré le secrétaire général de l'organisme, Angel Gurria, au cours d'une conférence de presse. "L'impact économique sera limité, maîtrisable, il se diluera avec le temps et ses conséquences internationales seront encore moins importantes."
Dans son rapport, l'OCDE rappelle toutefois que les dommages directs causés aux infrastructures pourraient coûter 25.000 milliards de yens (208 milliards d'euros), selon les évaluations du gouvernement japonais.
Elle souligne en outre que de "nombreuses incertitudes" demeurent, comme "la durée de la pénurie de courant, les problèmes de la centrale nucléaire de Fukushima et l'ampleur et le calendrier des dépenses publiques pour la reconstruction".
L'arrêt d'une douzaine de réacteurs nucléaires depuis le 11 mars a entraîné un manque d'électricité dans la région de Tokyo, poumon économique du pays, avec ses 35 millions d'habitants.
L'organisation ajoute que "les dégâts sur les industries du Tohoku (nord-est) ont perturbé" le fonctionnement des "chaînes d'approvisionnement d'industries stratégiques, notamment l'automobile, au Japon et au-delà".
Au final, le produit intérieur brut (PIB) du Japon devrait "baisser de façon importante au 2e trimestre 2011, bien que de façon nettement moins grave que le plongeon d'environ 20%, en rythme annuel, observé après la faillite soudaine de la banque américaine Lehman Brothers en septembre 2008", souligne l'OCDE.
Le PIB devrait ensuite "rebondir fortement à partir du 3e trimestre", affirme-t-elle, grâce à l'effet conjugué des dépenses publiques de reconstruction, des investissements d'entreprises forcées de remplacer leurs installations et équipements détruits et d'une intense construction immobilière destinée à loger les rescapés.
L'OCDE prévient toutefois que "la déflation devrait continuer", la consommation risquant de rester en-deçà de la production jusqu'à la fin 2012. La baisse des prix au détail, qui résulte de cette différence entre l'offre et la demande, est l'un des principaux freins à l'activité dans le pays.
Après avoir chuté de 6,3% en 2009, du fait de la crise économique mondiale, le PIB de l'archipel a rebondi de 3,9% en 2010, malgré un léger recul au 4e trimestre dû à un fléchissement de la consommation et des exportations.
Dans un rapport publié le 11 avril, le Fonds monétaire international (FMI) a abaissé à 1,4% ses prévisions de croissance pour le Japon en 2011, contre 1,6% auparavant, évoquant une "incertitude élevée" depuis le séisme et le tsunami du 11 mars. Il a dans le même temps relevé de 0,3 point ses prévisions pour 2012, à 2,1%.