Le Premier ministre Vladimir Poutine a loué mercredi, devant le Parlement, la lutte menée par son gouvernement contre la crise mondiale, avant d'appeler à une décennie de continuité, alors que la Russie entre dans une période pré-électorale clé.
"La crise est en recul sur tous les fronts", s'est félicité M. Poutine, lors de son discours annuel dressant le bilan de l'action gouvernementale. Il a souligné notamment que la Russie n'avait pas été obligée d'en appeler à l'aide internationale, contrairement à la Grèce ou au Portugal.
"Dans aucun cas nous ne renoncerons à nos engagements sociaux. Le gouvernement le garantit", a-t-il aussi déclaré, mettant en avant que la Russie, contrairement à plusieurs pays européens dont la France, n'avait pas relevé l'âge de la retraite ou baissé les dépenses sociales.
Il a affirmé que la Russie devrait connaître en 2011 une croissance d'au moins 4,2% de son PIB. Selon lui, l'inflation sera comprise entre 6,5 et 7,5%, en baisse par rapport aux 8,8% enregistrés l'année passée.
"En 2010, le PIB a augmenté de 4%, le niveau le plus important de tous les pays du G8. Et pour l'année en cours, la prévision de croissance du PIB est de 4,2%", a-t-il déclaré.
"Début 2012, les pertes liées à la crise (mondiale) auront été totalement compensées", a assuré le Premier ministre russe.
M. Poutine a ensuite fixé les objectifs de la Russie à moyen terme. D'ici 2020, il veut voir son pays devenir l'une des cinq principales puissances économiques du monde, et dépasser ainsi le niveau actuel de la France ou de l'Italie.
Et le Premier ministre a clairement signifié qu'aucun changement radical à la tête du pays ne devait intervenir, alors que le Russie va voter en décembre 2011 pour les législatives, puis en mars 2012 pour une présidentielle.
"Le pays a besoin d'une décennie de développement constant et stable. Sans secousses, sans expériences irréfléchies basées sur un libéralisme injustifié et sans démagogie sociale", a-t-il déclaré, relevant que la faiblesse de l'Etat et de l'économie seraient "une menace pour la souveraineté nationale".
"Si un pays est faible, il se trouvera toujours quelqu'un pour venir donner des conseils sur la direction à prendre", a-t-il estimé. "Ce n'est rien d'autre qu'un diktat brutal et une ingérence dans les affaires intérieures", a mis en garde M. Poutine.
Selon la presse russe de mercredi, le Premier ministre veut avec ce discours lancer la campagne électorale de son parti, Russie unie, pour les législatives de décembre, qui seront suivies quatre mois plus tard d'une présidentielle clé, objet de toutes les spéculations.
"Vladimir Poutine fera aujourd'hui à la Douma (chambre basse) un discours électoral", prévoyait ainsi le quotidien des affaires Vedomosti.
D'autant que cette allocution intervient après qu'une série de petites phrases de MM. Poutine et Medvedev ait relancé les spéculations sur d'éventuelles tensions entre les deux hommes et sur celui qui sera le candidat du pouvoir pour la présidentielle.
Les deux hommes ont dit être prêts à se présenter, sans pour autant trancher, et le Premier ministre a appelé son camp à ne pas évoquer ce sujet avant les élections législatives. Un responsable de Russie unie a néanmoins souhaité publiquement que Vladimir Poutine retrouve sa place au Kremlin.
Touché par la limite constitutionnelle de deux mandats présidentiels consécutifs, M. Poutine avait cédé la place à son protégé, Dmitri Medvedev, en 2008 mais peut cependant revenir au Kremlin en 2012.
M. Poutine est d'ailleurs considéré par la grande majorité des analystes comme l'homme fort du pays.