Les adversaires républicains de Barack Obama ont fait un pari risqué à l'approche de la présidentielle de 2012 en entamant les grandes manoeuvres avec un projet de budget qui s'attaque violemment aux grands programmes sociaux de l'Etat providence américain.
La Chambre des représentants dominée par les républicains a adopté vendredi par 235 voix contre 193 le plan draconien des conservateurs pour l'exercice 2012.
Le texte appelle à des réductions d'impôts pour les entreprises et les Américains les plus riches, et surtout, il préconise la maîtrise des dépenses de santé en réformant les programmes d'assurance-maladie pour les personnes âgées (Medicare) et pour les plus démunis (Medicaid), très populaires auprès de l'opinion.
Pour Robert Blendon, professeur de sciences politiques à l'université Harvard, les républicains "font le pari politique que le désir de contrôler les déficits va s'emparer des électeurs en 2012, indépendamment du fait que les réductions budgétaires envisagées sont impopulaires".
M. Blendon a affirmé à l'AFP que la stratégie républicaine, "risquée", consistait à déplacer le terrain des négociations vers la droite "pour forcer l'administration à faire des compromis".
Un sondage USA Today/Gallup montre que deux tiers des personnes interrogées, y compromis des républicains, sont contre des changements radicaux dans le Medicare.
Mais à un an et demi des élections de 2012, les adversaires du président Obama qui tentent de se positionner pour reprendre la Maison Blanche persistent dans leur politique de réductions budgétaires à tout prix.
"Nous sommes unis" sur la politique budgétaire, a répété à plusieurs reprises le numéro deux de la majorité républicaine à la Chambre, Eric Cantor.
Interrogé par des journalistes sur le possible impact négatif de cette stratégie sur les électeurs, le président de la Chambre John Boehner a répondu vendredi: "je pense qu'il est important pour nos élus de rentrer chez eux et de parler de la crise que nous affrontons".
M. Boehner assure que le plan des républicains n'affectera que les personnes de moins de 54 ans qui devront porter le poids des réformes.
De leur côté, les démocrates voient une occasion en or d'exploiter politiquement l'initiative des républicains.
Le risque pris par les républicains est d'autant plus grand que leur projet ne passera pas la barre du Sénat, toujours aux mains du parti du président Obama.
Le sénateur Charles Schumer, membre de la direction démocrate au Sénat, a estimé vendredi que "les républicains ont commis une importante erreur en transformant le débat sur le budget en débat sur le fait de garder ou non le Medicare".
Le vote sur le plan républicain intervient au lendemain de l'adoption d'un accord déjà controversé à la Chambre sur une loi de finances pour le budget 2011, pour laquelle les républicains ont fait le forcing pour "les plus grosses coupes budgétaires possibles".
Le déficit budgétaire américain devrait atteindre environ 1.600 milliards de dollars cette année. La dette s'établit à plus de 14.200 milliards.
Le Congrès devra voter prochainement un relèvement du plafond de la dette, mais les républicains souhaitent conditionner un tel vote à des mesures "significatives" sur la réduction des déficits.
Dimanche, le secrétaire américain au Trésor Tim Geithner s'est dit sur la chaîne ABC "absolument" certain que le Congrès américain allait approuver le relèvement du plafond de la dette.
"Permettre aux gens de commencer à douter de la capacité des Etats-Unis à respecter leurs obligations" sur leur dette "serait catastrophique", a insisté le secrétaire du Trésor sur une autre chaîne, NBC.