Le Fonds monétaire international et la Banque mondiale sont allés au plus simple jeudi en demandant au G20, qui se réunissait à Washington, de se concentrer sur deux questions urgentes, avec une attention particulière au monde arabe: nourrir le monde et créer des emplois.
En fin d'après-midi, les pays industrialisés du G7 devaient "réexaminer le rôle" de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) afin qu'elle participe "au financement" du "redéveloppement" de la Tunisie et de l'Egypte, a déclaré la ministre française des Finances, Christine Lagarde.
Un "dialogue sur les transitions au Moyen-Orient et en Afrique du Nord" était également prévu, à huis-clos, avec les ministres tunisien et égyptien, selon le programme officiel du FMI.
En ouvrant les réunions semestrielles de leurs institutions, le directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn et le président de la Banque mondiale Robert Zoellick se sont répartis les rôles: le premier a insisté sur la lutte contre le chômage, le second sur la hausse des prix de l'alimentation.
"Nous devons agir (...). Ne comptez pas sur l'idée que la croissance sera suffisante. Nous avons besoin de plus que de la croissance, nous avons besoin de politiques actives", a déclaré M. Strauss-Kahn.
"Je ne suis pas sûr d'être d'accord (...) avec l'idée que nous sommes dans une période d'après-crise. Nous sommes toujours en crise", a souligné le directeur du FMI.
Depuis le début des révoltes dans les pays arabes, le FMI a beaucoup insisté sur la lutte contre le chômage et les inégalités. Il compte intégrer les indicateurs pour mesurer son efficacité à ses évaluations des économies des Etats membres.
La Banque mondiale s'est fixé comme priorité de répondre à le hausse des prix de l'alimentation, proches de leurs records de 2008.
"Nous sommes dans la zone dangereuse, parce que les prix ont déjà augmenté, et que les stocks pour beaucoup de matières premières sont relativement bas", a expliqué Robert Zoellick.
Il a salué l'ambition de la présidence française du G20, groupe des principaux pays riches et émergents, de combattre la spéculation sur les matières premières.
"Le monde peut faire quelque chose contre cela", a affirmé M. Zoellick, en prédisant des "progrès importants" sur la volatilité des prix et la sécurité alimentaire.
Selon son institution, 935 millions de personnes souffrent de malnutrition chronique.
"La Banque mondiale tire la sonnette d'alarme sur la crise depuis un certain temps, mais les bailleurs de fonds ont honteusement fait preuve de négligence dans leur réponse", a réagi le directeur général de l'ONG Oxfam-France, Luc Lamprière.
Les ministres des Finances et banquiers centraux du G20 doivent se retrouver jeudi soir et vendredi à Washington.
La France a imposé un ordre du jour ambitieux en vue du sommet du G20 de Cannes en novembre, avec comme objectif la réduction des déséquilibres économiques et financiers de la planète.
Après avoir adopté en février, au prix d'un compromis arraché in extremis à la Chine, une liste d'indicateurs pour mesurer les déséquilibres, les ministres doivent établir des lignes directrices pour analyser la situation de chaque pays.
Mais l'accord sur ces lignes directrices n'est pas acquis, a reconnu Christine Lagarde. Elle n'a donc pas été en mesure de dire si le G20 publierait vendredi une liste de pays présentant des déséquilibres tels qu'ils méritent un examen plus approfondi suivi, en novembre, de recommandations de politique économique pour les résorber.
"Il revient aux membres du G20 de décider comment gérer cette question", a-t-elle déclaré.
La présidence française espère en revanche avancer sur un calendrier et des pistes de réforme du système monétaire international.