La banque centrale américaine (Fed) a noté mercredi un renforcement de l'économie mais aussi des pressions inflationnistes aux Etats-Unis alors que plusieurs analystes abaissaient leur estimation de la croissance du premier trimestre, après plusieurs indicateurs décevants.
"L'activité économique a continué de s'améliorer d'une manière générale", indique le Livre beige de la Fed.
Ce rapport de conjoncture a été réalisé sur la base des informations transmises par les douze antennes régionales de la Réserve fédérale en fonction de leurs observations sur le terrain et de leurs contacts avec le monde de l'entreprise de la dernière décade de février au 4 avril.
"Si plusieurs régions ont décrit l'amélioration de l'économie comme n'étant que modérée, la plupart ont indiqué qu'elle était généralisée", écrit la Fed.
"Le secteur manufacturier a continué de tirer" la reprise, ajoute le document, notant que les dépenses de consommation avaient progressé "légèrement", tandis que le marché de l'emploi s'améliorait dans "la plupart des régions", à la différence du marché du logement, qui reste déprimé.
Selon la Fed, "la hausse des prix des matières premières a été largement citée comme un facteur grandissant de pression sur les prix", mais les entreprises n'ont pas toujours la possibilité de répercuter ces hausses de prix à leurs clients, notamment dans les secteurs du commerce de détail et de la construction à cause de "la faiblesse de la demande".
La majorité des dirigeants de la banque centrale estiment que la hausse des cours du pétrole provoquée par l'instabilité dans le monde arabe n'aura que des effets "passagers" sur l'inflation et que cela permet de continuer à mener une politique monétaire ultra-accommodante pour soutenir la reprise.
Mais plusieurs membres du Comité de politique monétaire de la Fed commencent à lancer des messages d'alarme quant à la tournure que prend l'inflation.
"Je vois un risque que nous ne réussissions pas à maintenir l'inflation sous contrôle", a indiqué l'un d'entre eux, Richard Fisher, au quotidien des affaires allemand Handelsblatt.
Les entreprises américaines ont assez "de carburant financier dans le réservoir", et "nous entendons des entreprises aux Etats-Unis et dans d'autres pays dire qu'elles essayent de répercuter la hausse des prix des matières premières et des autres matériaux sur leurs clients", a-t-il ajouté, selon le site internet du journal.
M. Fisher préside la Fed de Dallas (Sud des Etats-Unis), seule antenne régionale de la banque centrale à avoir qualifié la croissance de "solide", selon le Livre beige.
Cette vision n'est pas partagée à l'échelle nationale par plusieurs économistes, qui ont annoncé mercredi avoir revu à la baisse leur estimation de la croissance du premier trimestre après la publication d'une série d'indicateurs décevants (commerce extérieur de février mardi, ventes de détail de mars et stocks des entreprises de février mercredi).
Selon eux, la croissance du PIB a nettement décéléré par rapport aux 3,1% du quatrième trimestre.
Barclays Capital, a ainsi abaissé sa prévision de 1,5 point à 2%, Harm Bandholz, d'Unicredit, de 1 point à 1,75%, alors que les économistes de RDQ Economics estiment désormais que la croissance a été au plus de 2% de janvier à mars.