Les ministres des Finances de l'UE ont justifié samedi les politiques d'austérité menées en Europe et appelé à les "comprendre", alors que des milliers de personnes manifestaient à Budapest contre la rigueur budgétaire à l'appel des syndicats européens.
"Nous considérons que la consolidation budgétaire et la croissance durables sont essentielles. Et l'une ne va pas sans l'autre", a déclaré le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, lors d'une conférence de presse.
"Pour le moment, nous devons absolument dans de nombreux pays garantir la consolidation budgétaire, parce que le fardeau de la dette dévore les ressources futures, et dévore les ressources de la future croissance économique des générations à venir", a-t-il ajouté.
Il s'exprimait à l'issue d'une réunion de deux jours des ministres européens des Finances à Gödöllö, à une trentaine de kilomètres de Budapest.
Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, a abondé dans son sens.
"Nous sommes convaincus que des politiques budgétaires solides, des politiques macroéconomiques solides et une surveillance attentive de l'évolution des prix dans l'économie en général sont la clé pour une croissance durable et une création d'emplois durable", a-t-il dit.
"Les gens doivent comprendre que nous n'épargnons pas pour mettre les gens en colère, mais que nous épargnons afin de pouvoir encore financer à l'avenir les politiques sociales", a déclaré de son côté le ministre luxembourgeois des Finances, Luc Frieden.
"Il s'agit aussi du bien général", même si "une politique d'économies n'est jamais facile", a-t-il ajouté.
"Je peux comprendre (les manifestations), mais je pense que c'est une erreur, parce que ce que nous faisons est bon afin d'avoir un cadre durable pour la croissance", a renchéri le ministre des Finances allemand, Wolfgang Schäuble.
"Pour une croissance durable, une monnaie stable est une condition préalable, et des budgets stables sont une condition préalable. Si nous avons des déficits trop élevés, ce n'est pas responsable pour les générations futures", a-t-il ajouté.
"Je ne comprends pas vraiment pourquoi il y a besoin de manifestations maintenant", a déclaré de son côté le ministre suédois, Anders Borg, soulignant que les pays de l'UE avaient "besoin de faire des réformes".
"Nous savons que ce sont des efforts et que c'est difficile", mais "ils sont nécessaires", a souligné la ministre espagnole, Elena Salgado.
"Nous devons revenir à une meilleure situation budgétaire", même si "c'est difficile à expliquer", a renchéri son homologue belge Didier Reynders.
"Bien sûr, c'est un programme difficile, avec une crise sur le plan économique et social, mais il faut expliquer que pour améliorer la croissance et créer des emplois, nous devons revenir à des efforts et à la consolidation budgétaire", a-t-il poursuivi.
Plusieurs milliers de personnes manifestent samedi depuis la mi-journée dans le centre de Budapest en marge de la réunion de l'UE à Gödöllö, à l'appel de la Confédération européenne des syndicats (CES) et de ses six membres hongrois.
Selon John Monks, le secrétaire général du CES, les manifestants étaient 45.000.
Le leader syndical a exigé une "Europe sociale, des salaires équitables et des emplois" des dirigeants européens et a assuré qu'ils n'allaient "jamais abandonner" la lutte pour atteindre ces objectifs.
Les pancartes brandies appelaient à "une Europe sociale avec des salaires équitables et de l'emploi", ou plus crûment "Fuck austerity" ("l'austérité, on t'emm...").
Une manifestation similaire à l'appel de la CES avait déjà rassemblé entre 20.000 et 30.000 personnes fin mars à Bruxelles.