Le ministre des Finances grec Georges Papaconstantinou fait le pari que la Grèce saura convaincre les marchés dans les six mois de sa solvabilité afin de regagner une autonomie dans le service de sa dette, et a de nouveau exclu toute perspective de restructuration.
"Je réalise que le marché attend une forme de restructuration (de la dette), mais nous croyons que la politique économique que nous sommes en train de mettre en oeuvre va nous permettre de continuer à assurer le service de la dette. Cela prend du temps de convaincre les marchés, nous le réalisons bien", a déclaré le ministre, dans une interview à l'AFP, jeudi à Athènes.
"Si les marchés croient qu'ils peuvent faire un bénéfice en achetant des obligations grecques (...) il y a aura un marché pour nous en 2012" a ajouté le ministre.
"En ce moment, les taux (des obligations grecques, NDR) sont beaucoup trop hauts" a-t-il reconnu.
Ces taux, qui planent à près de 13% pour des emprunts à dix ans, illustrent le peu de confiance que font les marchés à la Grèce actuellement, pariant même sur une restructuration de l'ensemble de da dette nationale, que le ministre a chiffrée à quelque 340 milliards d'euros.
"Nous restons sur notre position, qui est celle des institutions qui aident la Grèce, l'Union européenne, le Fonds monétaire international et la banque centrale européenne: une restructuration n'est pas une option, point-barre", a lancé le ministre.
"Cela aurait un coût énorme, et les bénéfices (que la Grèce pourrait en tirer) ne compensent pas les coûts" a-t-il ajouté, alors que certains au sein du parti socialiste au pouvoir s'interrogent sur le bien fondé d'anticiper une restructuration.
"Si nous continuons de suivre le programme (d'assainissement des finances publiques et de relance de l'économie, NDR), nous espérons que les conditions vont s'améliorer" a ajouté le ministre.
"Six mois c'est une très longue période pour les marchés, tout peut changer en six mois" a-t-il dit, en fustigeant au passage les agences de notation financières qui "rendent la vie plus difficile qu'elle ne l'est".
Attendant une accalmie après le plan d'aide demandé par le Portugal mercredi soir, la Grèce prévoit notamment de reprendre "dans les prochaines semaines" les émissions d'obligations à court terme (trois mois - six mois), interrompues pour le moment.
En même temps, le pays, avec l'aide de ses créanciers, met au point un plan budgétaire à trois ans pour aider l'économie à se "remettre sur pied".
En ce qui concerne les réformes envisagées, dont un ambitieux programme de privatisations, M. Papaconstinou a exclu de nouvelles baisses "horizontales" des salaires et pensions. Il a évoqué une réorganisation de la fonction publique et de la grille des salaires "inégale et illogique".
Le non-remplacement de six fonctionnaires sur sept partant à la retraite, évoqué par certains économistes, -au lieu de quatre sur cinq actuellement- "n'a pas été décidé", a-t-il souligné.
Il a répété que le déficit budgétaire de la Grèce pour 2010 serait supérieur aux 9,4% initialement attendus "en raison de la récession plus profonde que prévu à la fin de l'année", mais sans fixer de chiffre précis. Les statistiques seront annoncées le 26 avril par Eurostat.
En 2012, la Grèce aura besoin de 66 milliards d'euros, dont 25 milliards viendront du prêt UE-FMI-BCE, a noté le ministre. "Le reste viendra d'une combinaison de privatisations, et d'émissions à court et long terme" a-t-il dit.