L'effervescence était maximale lundi dans les châteaux bordelais pour le coup d'envoi de la semaine des primeurs, rendez-vous crucial pour le commerce mondial des vins de Bordeaux.
"Nous avons une très bonne fréquentation, la fête est là, le baptême sera très réussi", s'est réjoui Jean-Marc Guiraud, directeur de l'Union des grands crus, à l'initiative de cette grande manifestation viticole.
De la rive gauche à la rive droite de la Garonne, plus de 5.000 professionnels du vin - négociants, courtiers, cavistes - sont venus de 66 pays pour déguster le dernier millésime à peine sorti de l'assemblage et avant son élevage, et se forger une opinion avant peut-être de sceller un contrat de vente.
Déjà le millésime 2010 a été couvert de louanges. "De la beauté liquide", se félicite l'influent oenologue-conseil Denis Dubourdieu, "un vin qui danse dans la bouche", souligne Paul Pontallier, directeur général de Château Margaux, premier cru classé.
"Il y a un intérêt fort pour le millésime, on a du monde, et du beau monde et, cerise sur le gâteau, on a le beau temps", a déclaré à l'AFP M. Guiraud.
Spécificité bordelaise, la campagne des primeurs permet d'acheter le vin à des prix fixés de fin avril à fin juin pour une livraison à la fin 2012, soit deux ans après les vendanges.
Parmi les pays représentés cette année, figurent en première position le Royaume-Uni, client historique, devant la Chine, qui confirme pour la deuxième année son intérêt pour le marché des primeurs, et les Etats-Unis, qui font un retour en force cette année.
En outre, 115 critiques du monde entier, dont les célèbres Américains Robert Parker et James Suckling, délivreront une note, un commentaire, souvent déterminants pour établir les prix de vente.
Si cette campagne s'ouvre peu à peu aux appellations moins prestigieuses, elle est depuis l'origine le rendez-vous des grands crus bordelais, qui avaient, l'an dernier, établi des prix vertigineux, certains flirtant avec les 1.000 euros la bouteille.
"Bordeaux, ce n'est pas que les grands crus", prévient Paz Espejo, directrice de Château Lanessan, en Haut-Médoc, "attention à ce que les consommateurs ne se détournent pas des vins de Bordeaux à cause de prix indécents".