La pression accrue sur le Portugal, qui semble inévitablement pousser chaque jour un peu plus le pays vers un plan de sauvetage, donne lieu actuellement à un débat sur la légitimité du gouvernement démissionnaire à demander une telle aide.
Depuis la démission la semaine dernière du Premier ministre socialiste José Socrates, la pression sur le Portugal monte: les principales agences de notation ont dégradé de plusieurs crans leurs notes du pays et les marchés exigent des taux historiquement élevés pour le financer.
Dans ce contexte, qui a la "légitimité" pour demander un plan de sauvetage? Le gouvernement démissionnaire? Le président? Le parlement? La question divise.
Cette discussion a pris de l'ampleur après les déclarations jeudi du ministre des Finances Fernando Teixeira dos Santos, selon lesquelles un gouvernement démissionnaire n'avait pas la "légitimité pour négocier" les modalités d'un tel plan.
"La seule entité qui peut prendre des engagements, c'est le président", avait-il dit.
Le chef de l'Etat conservateur Anibal Cavaco Silva, qui représente une autorité morale mais qui n'a pas de pouvoir exécutif, a aussitôt rappelé qu'il n'incombait "pas au président de gouverner".
Le président, qui a annoncé jeudi la dissolution du parlement et convoqué des élections législatives pour le 5 juin, a indiqué à cette occasion qu'il soutiendrait le gouvernement, dont les pouvoirs sont limités à la gestion des affaires courantes, dans les mesures à adopter "pour assurer les moyens de financement nécessaires" du pays.
D'après les journaux Expresso et Publico de samedi, l'une des hypothèses envisagées par le président et l'opposition de centre-droit, serait la possibilité de recourir à "un prêt d'urgence du FMI" qui permettrait au pays de se financer jusqu'à l'entrée en fonction d'un nouveau gouvernement.
Pedro Passos Coelho, le chef de l'opposition et futur premier ministre pressenti, s'est déjà dit prêt à soutenir un "prêt spécial" pour garantir la solvabilité du pays.
Interrogé samedi par des journalistes, lors d'une manifestation publique, sur une possible intervention du FMI, M. Cavaco Silva s'est limité à répondre avec humour: "Je crois que vous devriez arrêter de parler de FMI. C'est erroné. Il faut parler de Fonds européen de stabilité financière (FESF)".
Le FESF, qui jouit des garanties de tous les pays de la zone euro, a été créé au printemps 2010 au lendemain de la crise de la dette grecque, pour doter la zone euro d'un fonds apte à venir en aide aux pays en difficulté.
Une autre solution, également évoquée par plusieurs spécialistes de la constitution portugaise, passerait par le parlement qui pourrait autoriser le gouvernement démissionnaire à demander une aide.
Face à cette situation, le gouvernement a fait le choix pour l'instant de continuer de se financer sur les marchés avec des émissions à court terme, dont les taux sont moins élevés.
Vendredi, le Portugal a levé 1,6 milliard d'euros de dette à un peu plus d'an, à un taux plus élevé que lors de précédentes émissions comparables, mais en deçà des prévisions, et prévoit de retourner sur les marchés dès mercredi.
Le ministre des Finances, qui a écarté cette semaine le risque d'un défaut de paiement, avait toutefois observé que le pays devrait être "plus créatif" dorénavant pour se financer.
Selon les médias portugais, le gouvernement aurait déjà négocié avec certains pays, comme la Chine ou le Brésil, l'achat de dette pour les prochaines émissions.