Le gouvernement norvégien a relancé les spéculations sur l'avenir de SAS en annonçant vendredi son intention de céder ses 14,3% dans la compagnie aérienne en difficulté pour laquelle les repreneurs potentiels ne se bousculent pas.
En présentant un Livre Blanc sur les participations financières de l'Etat, le ministre norvégien du Commerce et de l'Industrie Trond Giske a indiqué qu'il allait demander "les pleins pouvoirs" au Parlement en vue d'une cession de sa part dans le transporteur aérien.
La Suède et le Danemark ayant aussi exprimé leur intention de vendre leurs parts respectives de 21,4% et 14,3%, c'est donc la moitié du capital de SAS qui pourraient changer de mains. A un HORIZON plus ou moins lointain...
"Nous ne sommes pas pressés de vendre", a déclaré M. Giske vendredi. "Nous voulons trouver une bonne solution industrielle", a-t-il ajouté, expliquant le timing par la nécessité d'être "réactif" si une opportunité venait à se présenter.
A Stockholm, Victoria Ericsson, une porte-parole du ministère suédois des Marchés financiers, a rappelé que son gouvernement avait reçu le feu vert du Parlement au printemps 2010 pour céder sa part "au moment opportun".
"Si et quand un changement de la participation dans SAS aura lieu, cela se fera en dialogue avec les autres actionnaires principaux, la Norvège et le Danemark", a-t-elle dit.
Une cession conjointe par les trois pays nordiques de leurs parts dans SAS est évoquée depuis plusieurs années mais celle-ci pourrait encore se faire attendre, les acquéreurs ne se bousculant pas pour reprendre un groupe qui cumule les pertes.
Souffrant de la rude concurrence de la low cost Norwegian, d'un niveau de coûts élevé, de l'impact de la crise économique et des perturbations causées par le volcan islandais Eyjafjöll, SAS a perdu près de 250 millions d'euros l'an dernier malgré une incursion dans le vert au dernier trimestre.
Début janvier, l'action SAS avait repris des couleurs quand le journal économique danois Boersen avait affirmé qu'Air France-KLM, Lufthansa et British Airways se préparaient à une guerre d'enchères.
Rien ne s'est produit depuis. Généralement considéré comme un favori pour la reprise de SAS avec qui il coopère déjà au sein de l'alliance Star Alliance, Lufthansa a au contraire douché les attentes.
"Notre priorité est clairement la croissance organique", a déclaré son patron, Christoph Franz, en présentant les résultats de son groupe le 17 mars.
"Nous avons assez à faire" avec l'intégration et l'assainissement des filiales Austrian Airlines et BMI, a-t-il dit.
Interrogé sur l'expression d'intérêts éventuels, M. Giske a refusé de commenter ce point vendredi.
Les analystes, eux, ne croient pas trop en un repreneur providentiel.
"Personne n'a vraiment envie de racheter un groupe qui réussit l'exploit de perdre 125 millions de couronnes (environ 15 millions d'euros) par semaine et qui n'a pas gagné d'argent depuis 10 ans", déclarait Hans-Petter Jacobsen, chez First Securities, au journal norvégien Dagens Naeringsliv en février.
Pour tenter de s'en sortir, SAS a multiplié les plans de restructuration.
Après avoir annoncé près de 5.000 suppressions d'emplois en 2009, SAS s'est donné un nouveau directeur général l'an dernier.
Pour l'année en cours, le transporteur dit tabler sur un résultat bénéficiaire malgré une perte attendue au premier trimestre.
En milieu d'après-midi, l'action SAS gagnait 3,64% à 22,90 couronnes, sur un marché en hausse de 0,6%.