Face au vieillissement des populations européennes, les participants d'une conférence du Fonds social européen (FSE) ont mis l'accent jeudi, à Paris, sur l'impérieuse nécessité de doper l'emploi des seniors partout en Europe, notamment en développant leurs compétences.
"Le vieillissement rapide pose un défi énorme", a souligné Mark Reese, un responsable de l'OCDE, en charge de l'analyse et des politiques de l'emploi, en soulignant qu'"en 2050 les 65 ans et plus représenteront quelque 30% de la population en Europe, contre 17% en 2009".
"Cela va conduire à un ralentissement de la croissance, assorti de dépenses sociales en hausse, si rien n'est fait", a-t-il averti lors de cette conférence réunissant 350 acteurs de 16 Etats membres, organisée par le ministère français du Travail, en lien avec la Commission européenne.
Ces dépenses publiques en rapport avec l'âge passeraient de 23% du PIB en 2009 à 28% en 2050, tandis qu'à cette date on pourrait aboutir à 8 retraités ou inactifs de 50 ans et plus pour 10 actifs contre environ 5 pour 10 aujourd'hui.
"Cela représentera un fardeau croissant pour les travailleurs. La clef est d'encourager le prolongement de la vie active", a souligné Mark Reese, en prônant de "s'attaquer aux obstacles" à l'emploi qui perdurent pour les 55-64 ans, en conjonction avec le FSE, principal instrument financier de l'UE au service de l'emploi et de la formation.
Le FSE s'est notamment doté d'un "réseau d'apprentissage mutuel entre Etats membres" -- "Age et FSE" -- piloté par les Pays-Bas, pour aider à "concevoir et mettre en oeuvre de programmes visant à l'inclusion des seniors et au maintien de leur employabilité et de leurs capacités professionnelles", a expliqué sa responsable Brenda Gietema.
Car si pour doper l'emploi des seniors, il faut inciter "les employeurs à changer de pratiques", par des campagnes d'envergure comme l'ont déjà fait certains pays (Finlande, Pays-Bas, Royaume-Uni), ou par des politiques publiques idoines, il faut aussi "améliorer leur employabilité" par des formations, en améliorant les conditions de travail et l'accompagnement des chercheurs d'emploi seniors, a aussi estimé Mark Reese.
"Les plus âgés sont moins formés dans tous les pays mais plus particulièrement dans certains", a-t-il constaté, en soulignant que cela était le cas de la France.
Toutefois la France semble vouloir combler l'écart: "nous nous sommes fixé des cibles ambitieuses de 35% de participants seniors dans les actions de formation de salariés et de 15% de plus de 45% dans les actions de formation des demandeurs d'emploi financées par les conseils régionaux", a indiqué Bertrand Martinot, délégué général à l'Emploi et à la formation professionnelle, en ouvrant le colloque.
En matière de taux d'emploi des 55-64 ans, la France là encore est plutôt à la traîne, à 38,3% fin 2009, pour une moyenne de 44,7% dans l'UE (variant de 28% à Malte, à 70% en Suède), selon les données Eurostat.
L'UE s'était fixé pour objectif un taux d'emploi de 50% pour les 55-64 ans en 2010.