L'ancien PDG d'Havas, Alain de Pouzilhac, sera jugé début mai à Nanterre pour abus de biens sociaux, soupçonné d'avoir profité de son poste pour verser à un de ses collaborateurs une compensation de 300.000 euros, a annoncé mercredi à l'AFP son avocat, Me Olivier Metzner.
Le parquet de Nanterre, à l'issue d'une enquête préliminaire, a jugé qu'il disposait d'éléments suffisants pour citer devant un tribunal correctionnel Alain de Pouzilhac, actuel président de l'Audiovisuel extérieur de la France (AEF) et PDG de France 24, ainsi que son ancien directeur financier, Jacques Hérail, soupçonné d'avoir imaginé le montage financier profitant à Thierry Meyer.
M. Meyer est également cité à comparaître pour recel d'abus de biens sociaux, après avoir accepté cette indemnité compensatoire liée à un changement de fonction au sein de l'entreprise.
Le groupe publicitaire Havas avait déposé plainte le 15 mai 2007 pour "abus de biens sociaux, complicité et recel" contre Alain de Pouzilhac, son ancien vice-président, Alain Cayzac, et son ancien directeur financier, Jacques Hérail.
Dans sa plainte, Havas accusait ses trois anciens dirigeants d'avoir rédigé dans la précipitation des avenants à leur contrat de travail pour toucher de confortables indemnités de départ après la prise de contrôle du groupe par Vincent Bolloré fin 2004, qui signifiait pour eux une probable mise à l'écart.
"Ces cinq dernières années, j'ai eu dix procès (au civil), je les ai gagné tous les dix. Je suis très serein. Ce n'est pas la vengeance d'un homme qui va me troubler", a réagi à l'AFP Alain de Pouzilhac.
Le 21 juin 2005, le nouveau conseil d'administration de Havas, fort de quatre administrateurs de Vincent Bolloré, avait brutalement révoqué Alain de Pouzilhac.
Par ailleurs, Alain Cayzac a été blanchi à l'issue de l'enquête préliminaire, aucun motif de poursuites n'ayant été trouvé par le parquet de Nanterre, a fait savoir son avocat, Me Thomas Baudesson.
"Je suis scandalisé que le parquet de Nanterre n'ait pas permis à mon client de connaître les griefs qui lui sont faits depuis quatre ans alors que les cours d'appel de Versailles et de Paris ont validé les décisions prises par Alain de Pouzilhac", a affirmé Me Olivier Metzner.
Interrogé par l'AFP, le parquet de Nanterre a tenu à préciser que les décisions validées par les cours d'appel de Versailles et de Paris concernaient les conditions de départ des anciens dirigeants de la société en 2005 alors que les faits visés par l'enquête préliminaire sont susceptibles d'avoir été commis en 2001.
Les trois anciens dirigeants, en guerre ouverte avec Vincent Bolloré, avaient estimé que la plainte d'Havas, déposée en 2007, n'était qu'une "manoeuvre dilatoire", sur fond de procédures civiles où les trois dirigeants réclamaient des indemnités à Havas pour les conditions dans lesquelles se sont déroulés leur licenciement ou révocation.
Ces trois dernières années, treize décisions ont été rendues auprès des juridictions civiles et prud'homales à propos de ces indemnités.