Le patronat ne reculera pas, dans les négociations en cours avec les syndicats, sur son exigence de voir les cotisations à l'assurance chômage baisser si les comptes du régime d'indemnisation continuent de s'améliorer, a déclaré mardi la présidente du Medef Laurence Parisot.
Au cours de sa conférence de presse mensuelle, Mme Parisot a aussi exclu toute augmentation des cotisations pour les retraites complémentaires (régimes Arrco et Agirc). "Nous n'accepterons pas d'augmentation des cotisations des employeurs et des cotisations des salariés", a-t-elle dit.
La dirigeante patronale a justifié ces positions par "la dégradation de la compétitivité par le coût du travail", l'écart s'étant accru de "10%" au détriment de la France par rapport à l'Allemagne de 2000 à 2010, a-t-elle souligné en citant des statistiques de l'Insee. Selon elle, "nous sommes dans un modèle perdant-perdant" qui "contribue à aggraver nos déficits publics et sociaux".
Concernant l'assurance chômage (Unedic) "il est essentiel d'acter d'une manière claire, non ambiguë, que dès qu'il y a deux semestres consécutifs d'excédents, nous devons déclencher une baisse des cotisations pour les employeurs et les salariés".
Le niveau d'excédent semestriel pour déclencher une telle baisse doit être de 500 millions d'euros au moins, a-t-elle confirmé.
Selon elle, réduire les cotisations est "un objectif possible d'ici deux, trois ans au maximum". "C'est une course. Nous ne pouvons pas aller au pas de sénateur (...), il y a urgence", a-t-elle insisté.
La présidente du Medef a mis en avant la forte réactivité des comptes de l'Unedic à l'amélioration de l'emploi, le déficit étant revenu de 13 milliards (décembre 2005) à 5 (décembre 2008), avant la crise des subprimes. Or, aujourd'hui, "nous voyons des signes tout à fait encourageants sur le front de l'emploi", a-t-elle argué.
Pour Mme Parisot, si l'excédent est continu sur un an, "cela signifie que le comblement du déficit cumulé (11 milliards d'euros prévus fin 2011, NDLR) est à portée de main".
Elle a insisté sur le fait qu'une réduction des cotisations n'entamerait pas les droits des chômeurs. "Nous gardons le niveau de protection" prévu par l'accord de 2009, a-t-elle dit.
Pour diminuer les déficits des régimes de retraite complémentaire, sur lesquels les acteurs sociaux négocient aussi actuellement, il faut "déplacer les deux bornes d'âge à 62 et 67 ans", au lieu de 60 et 65 ans actuellement, a d'autre part affirmé Mme Parisot. Ces retraites seraient donc versées à partir de 62 ans, pour les bénéficiaires de la retraite à taux plein à l'âge légal, et à 67 ans pour les autres.
Mme Parisot s'est félicité de ce que, dans le "pacte pour l'euro" dont les principes ont été adoptés au sommet de la zone euro le week-end dernier à Bruxelles, il soit "écrit noir sur blanc que les régimes de retraite doivent évoluer en fonction de l'évolution démographique et de l'espérance de vie".
Par ailleurs, la présidente du Medef a estimé qu'on pouvait "faire plus pour les salariés" dans le domaine du partage des profits des entreprises et qu'il fallait pour cela "revenir sur le forfait social" taxant les employeurs sur la participation et l'intéressement versés et dont le taux, a-t-elle rappelé, est passé de 2% à 6% de 2009 à 2011.
Elle s'est insurgée contre "les injonctions contradictoires sans cesse adressées aux entreprises et aux salariés", allusion indirecte aux exhortations du président Nicolas Sarkozy pour un partage plus équitable de la valeur ajoutée.