
« America, we cannot turn back. We cannot walk alone* » indiquait le slogan d’Obama lors de sa campagne présidentielle. Le temps semble venu de mettre en application cette promesse.
Le temps des révoltes locales est révolu, la scène politique internationale entre en jeu. Les Etats-Unis, la France, le Venezuela et autres puissances mondiales ont finalement décidé de porter secours à un peuple opprimé depuis plus de quarante ans.
Une priorité humanitaire…
Lundi matin, François Baroin, ministre du Budget a annoncé que « la priorité est humanitaire. Elle ne peut plus être diplomatique ». En écho à son intervention, deux avions français ont décollé cette nuit de la base militaire de Villacoublay. A son bord, du personnel et du matériel médicaux acheminés vers la ville de Benghazi, place forte de la révolution libyenne. Mais la France n’est pas la seule à se mettre en branle, puisque l’ONU a décidé ce week-end un embargo immédiat sur les armes, un gel des avoirs ainsi qu’une interdiction de se déplacer en pays étranger pour Kadhafi et seize personnes de son entourage. L’OTAN pourrait également se retrouver mobilisée, puisqu’elle étudie en ce moment la possibilité de suspendre tout vol au dessus du territoire libyen. L’Europe n’est pas en reste, poussée par un Nicolas Sarkozy qui semble pressé d’en finir avec la répression sanglante. Au cours d’un entretien téléphonique avec le premier ministre britannique James Cameron, le chef d’Etat français a décidé d’organiser, avec le concours d’Herman Van Rompuy, président de l’Union Européenne, un sommet européen sur la Libye. Hugo Chavez, de son côté, a souhaité voir se former « une commission qui aille en Libye pour discuter avec le gouvernement et les leaders de l'opposition », préférant envisager « une solution politique plutôt que d'envoyer des marines en Libye ».
...Qui se réglera par les armes pour les Etats-Unis ?
John Mc Cain, le désormais célèbre sénateur républicain, estime que le meilleur moyen de mettre fin à la répression sanglante en Libye est d’armer les insurgés. Une solution radicale, qui, à défaut d’être appliquée, montre clairement l’état d’esprit du gouvernement étasunien. « L'armée américaine positionne des forces navales et aériennes autour de la Libye » annonce ce matin le Pentagone. Toutefois, même si la mise en place de forces armées semble présager des conflits imminents, il n’en est rien pour le porte-parole du Pentagone, Dave Lapan : « Plusieurs plans sont à l'étude. Nous sommes en train de repositionner des forces afin d'avoir la flexibilité nécessaire une fois que les décisions auront été prises ».
Mieux vaut tard que jamais
L’attitude étasunienne n’est pas sans rappeler les évènements similaires qui ont débouché sur la guerre d’Irak. Tous les ingrédients sont réunis : un dictateur forcené qui assassine son peuple sans complexe, un gouvernement américain sur les dents se préparant à des manœuvres militaires, et un peuple luttant pour sa liberté. Cette fois-ci, pourtant, le risque de fiasco est minimisé. Barack Obama est loin d’avoir le sang bouillant, comme son prédécesseur Georges W. Bush. Pour la première fois, les gouvernements mondiaux œuvrent de concert au secours de la liberté. Il aura fallu quelques milliers de morts, et la révélation du colonel Kadhafi en tant qu’illuminé sanguinaire pour mobiliser la gouvernance mondiale.
* « Peuple d’Amérique, nous ne pouvons tourner le dos. Nous ne pouvons marcher seuls. »
Théo Garcin