
Le Président de la République a du mal à digérer les échecs. Deux ans après que sa tentative pour lancer l’Union pour la Méditerranée soit tuée dans l’œuf, le chef de l’Etat remet ça.
« Le moment est venu pour relancer l’Union pour la Méditerranée » a assuré Nicolas Sarkozy lors de son allocution le 27 février 2011. Une décision fortement appuyée par son conseiller à l’Elysée, Henri Guaino. Innovateur en la matière, Nicolas Sarkozy avait lancé ce projet le 13 juillet 2008, alors que la France présidait l’Union Européenne. Officiellement, l’initiative visait à rassembler les principaux acteurs européens pour fonder une alliance méditerranéenne unie, rassemblée autour de thèmes fédérateurs comme l’environnement et le renforcement des liens entre les pays du Sud et l’Europe. Officieusement, elle visait à écarter la Turquie d’une possible adhésion à l’Union Européenne, tout en lui permettant de rester un acteur essentiel à son développement. Malheureusement, à l’instar de son ancêtre, l’Euromed, l’Union pour la Méditerranée était tombé à l’eau.
Alors pourquoi la remettre sur le tapis ?
Selon le Président, l’UpM serait le meilleur moyen d’accompagner les pays arabes dans la crise, sans rester de simples spectateurs. Ayant tout d’abord rejeté toute connotation politique, Nicolas Sarkozy a décidé d’explorer en profondeur toutes les possibilités qu’offrirait un tel consensus, bienvenu au vu des évènements se déroulant dans le Monde Arabe. Evoquant en premier lieu la destinée commune vers laquelle se dirigent les pays actuellement en crise (Tunisie, Egypte, Libye) et les pays composant l’Union Européenne, Henri Guaino explique : « Il faut aller beaucoup plus loin dans le volet politique. C’est désormais possible et nécessaire, avec l’instauration des droits de l'Homme, de la démocratie et de la liberté ». Mais une fois n’est pas coutume, Nicolas Sarkozy se heurte à des oppositions farouches, et notamment celle d’Angela Merkel, chancelière du pays le plus puissant d’Europe, qui avait déjà jugé ce projet de « peu clair ». Laurent Fabius, député PS, s’est quant à lui contenté d’offrir une alternative au projet présidentiel, sans toutefois le critiquer ouvertement. « La France devrait proposer à ses partenaires européens un pacte des libertés entre l’Europe et les pays arabes qui se démocratisent » a-t-il confié au quotidien Le Monde.
L’immigration, cheval de Troie de Sarkozy
Ayant abattu les cartes de la solidarité et de l’entraide, le Président n’a pas pu résister à l’envie d’aborder un thème qui lui tient à cœur : l’insécurité. Pour appuyer la nécessité de l’instauration de l’UpM, le Président réveille les vieux démons des français: « Nous savons ce que pourraient être les conséquences de telles tragédies sur des flux migratoires incontrôlables et sur le terrorisme, positionnant l’Europe en première ligne » a-t-il mentionné. Volonté réelle de limiter l’afflux migratoire en France ou tentative de ramener à lui les électeurs d’extrême-droite ? Quelle que soit la réponse, cela montre bien que Nicolas Sarkozy est désormais lancé dans la bataille présidentielle.
Théo Garcin