Le président de la SNCF Guillaume Pepy a annoncé jeudi un retour aux bénéfices en 2010, tandis que l'Elysée publiait une nouvelle lettre de mission de Nicolas Sarkozy le confortant dans son action à la tête de l'entreprise qu'il dirige depuis trois ans.
Le groupe a dégagé l'an dernier un bénéfice net de 697 millions d'euros, en partie gonflé par des produits exceptionnels. Sans ces derniers, le résultat serait ramené à 231 millions, soit seulement 0,8% d'un chiffre d'affaires qui pour la première fois a dépassé la barre des 30 milliards d'euros.
Ce chiffre est certes nettement meilleur que la perte de près d'un milliard d'euros essuyée en 2009, mais il reste très insuffisant pour M. Pepy.
"Nos résultats ne nous permettent pas encore de financer tous les investissements de développement et de modernisation de la SNCF", a-t-il regretté lors d'une conférence de presse.
Guillaume Pepy relève notamment que les grèves qui ont affecté l'entreprise en avril et en octobre ont coûté fort cher, de même que la forte augmentation des péages (les droits de circulation qu'elle doit payer pour ses trains), qui a atteint 5,4% en 2010, et même 12% pour les TGV.
Cette augmentation des péages sur fond de crise a mis à mal le "modèle TGV", qui avait permis la renaissance du groupe depuis les années 1980. Du coup, le train chéri de la SNCF ne parvient plus à payer comme avant pour tout et n'importe quoi.
La SNCF veut également que soit réglé un autre problème majeur: les conditions d'entretien des voies, qu'elle assure, à perte selon elle, pour le compte de Réseau ferré de France (RFF).
Mais Guillaume Pepy est maintenant fort, sur ces deux questions, du soutien du président Nicolas Sarkozy.
Dans sa nouvelle lettre de mission datée de lundi, M. Sarkozy lui assure notamment que "le modèle du TGV, auquel les Français sont attachés et qui assure l'irrigation de nos territoires, doit (...) être soutenu".
Cette lettre qu'il avait demandée --et qui "actualise" une première missive écrite lors de l'arrivée de M. Pepy à la tête de la SNCF en février 2008--, "est clairement une manifestation de l'importance que la SNCF a pour le pays", et "+relégitime+ la stratégie", a-t-il insisté.
Guillaume Pepy s'est déclaré très satisfait de son contenu, d'autant que le chef de l'Etat y "réaffirme sa pleine confiance à l'équipe dirigeante de la SNCF".
Il peut en être d'autant plus satisfait qu'une bonne partie de la prose présidentielle reprend presque mot pour mot certaines de ses déclarations passées.
"Actualiser la feuille de route et remettre la boussole dans le bon sens, ça aide", s'est-il réjoui, reconnaissant que sa rédaction avait "pris plus de temps que prévu" pour cause notamment de changement de gouvernement.
Parmi les éléments nouveaux, outre le problème du "modèle TGV" et la clarification des rapports avec RFF, M. Sarkozy écrit que l'ouverture à la concurrence doit être "réalisée dans un cadre social harmonisé" --c'est-à-dire un socle social commun à toutes les entreprises ferroviaires-- ou le fait que chaque branche du groupe doit trouver sa rentabilité.
En contrepartie, le président de la République exige de M. Pepy une amélioration de la compétitivité, la poursuite de la réforme du fret, une "modernisation" du dialogue social et surtout une amélioration de la qualité de service, alors que la SNCF a connu un début d'hiver fort difficile avec des retards à répétition ayant entraîné des "grèves d'usagers".
L'effort sur la qualité du service "doit être une valeur forte de l'entreprise au même titre que la performance technique et la sécurité", écrit Nicolas Sarkozy, qui réclame "des indicateurs rendus publics" pour que les améliorations puissent être quantifiées.