Les marchés attendaient vendredi la fin des spéculations sur l'avenir du président de la Bundesbank Axel Weber, longtemps favori pour prendre la tête de la Banque centrale européenne.
Angela Merkel devait rencontrer Axel Weber en milieu d'après-midi, a indiqué le porte-parole de la chancelière allemande, précisant que le ministre des Finances Wolfgang Schäuble assisterait également à l'entretien.
"Nous verrons les choses plus clairement cet après-midi", a promis Steffen Seibert, refusant de commenter le contenu probable de la rencontre, qui aura lieu à la chancellerie. "Il n'y a rien à commenter pour le moment", a-t-il dit, reconnaissant le "manque de clarté" qui règne dans cette affaire.
Depuis mercredi, les rumeurs abondent en Allemagne sur les intentions de M. Weber, 54 ans en mars, qui aurait renoncé à briguer le poste de président de la Banque centrale européenne (BCE). Jusqu'ici, il paraissait acquis qu'il serait le candidat de l'Allemagne à la succession du Français Jean-Claude Trichet, qui libère son poste à l'automne.
M. Weber, qui avait de bonnes chances de prendre les rênes du gardien de l'euro, a lui-même refusé de commenter son avenir professionnel ces derniers jours, précisant qu'il ne dirait rien avant d'avoir parlé à la chancelière.
La Bundesbank, dont il a pris la tête en 2004, est également restée muette jusqu'à présent, tant sur la rencontre prévue vendredi que sur le sort de son président.
M. Weber aurait selon plusieurs journaux annoncé mardi soir à ses collègues du directoire de la Bundesbank qu'il renonçait à un second mandat, laissant entendre également qu'il renonçait à ses ambitions à la BCE. Il a déploré un manque de soutien clair de la part de la chancelière Angela Merkel ces derniers mois, alors que sa candidature suscite l'opposition de plusieurs pays dont la France en raison de son conservatisme monétaire.
La nouvelle a filtré dans plusieurs médias allemands le lendemain, semant la consternation au sein du gouvernement, selon une source proche du dossier.
La communication désastreuse qui a suivi -M. Weber a annoncé qu'il allait s'exprimer à plusieurs reprises avant d'y renoncer, sans doute sous la pression de la chancellerie- a laissé pantois les analystes économiques, alors que sur fond de crise persistante de la dette en zone euro, les marchés réagissent de manière épidermique à tout facteur d'incertitude.
"Ce n'est pas le genre de situation que les marchés veulent avoir d'ici la fin du mandat de M. Trichet", le 31 octobre, juge ainsi Carsten Brzeski d'ING.
Selon plusieurs quotidiens du pays, Mme Merkel voulait se donner le temps de lui trouver un remplaçant à la tête de la Bundesbank.
Pour Berlin, mettre cet ancien professeur en économie aux commandes de la BCE, c'était garantir la stabilité de l'euro et une lutte sans merci contre l'inflation, qui reste pour les Allemands le mal absolu depuis la grande crise de 1923.
Mme Merkel se retrouve désormais bien démunie. "Selon Bruxelles, l'Allemagne dispose de peu de responsables monétaires avec le bon profil" pour prendre les rênes de la BCE, notait le Handelsblatt jeudi.
Le nom de Klaus Regling, président du Fonds européen de stabilisation financière (FESF), est souvent cité mais il n'a pas d'expérience comme banquier central. Celui du chef économiste de la BCE Jürgen Starck aussi, mais sa candidature soulèverait des problèmes juridiques.
L'Italie en a profité pour faire de nouveau jeudi la promotion de son candidat officieux, le gouverneur de la banque centrale d'Italie Mario Draghi.
Parmi les autres candidats potentiels fréquemment évoqués figurent le président de la Banque centrale du Luxembourg Yves Mersch et celui de la Banque de Finlande Erkki Liikanen.