Le Conseil d'orientation pour l'emploi (COE) a établi jeudi un "diagnostic" sur le chômage des jeunes en France et préconisé des mesures à court terme, comme les emplois aidés, tant que perdure la crise, et durables, axées sur le développement de la formation en alternance.
"Il existe bien une spécificité de la situation des jeunes sur le marché du travail", et depuis trente ans leur taux de chômage est "toujours au moins le double" du taux moyen, relève dans un rapport de 57 pages l'organisme placé auprès du Premier ministre.
"Le chômage de longue durée est particulièrement dangereux" pour ces jeunes "qui n'ont souvent jamais mis un pied dans l'entreprise ou qui n'ont connu que quelques emplois précaires", affirme Marie-Claire Carrère-Gée, présidente du COE.
En cas de crise, souligne-t-elle, "les jeunes sont plus rapidement et plus fortement touchés" et "leur expérience professionnelle est souvent marquée par la précarité - chômage récurrent, contrat temporaire pour un jeune sur quatre en emploi, temps partiel subi".
Pour le COE, les jeunes sont pénalisés par la structure du marché du travail en France où coexistent des "emplois stables" (CDI) et "un volant de contrats précaires" dans lesquels les jeunes sont sur-représentés et qui permettent aux entreprises d'adapter leurs effectifs à l'activité.
Le chômage se concentre sur deux catégories de jeunes : ceux qui ont un "problème lié à la formation initiale" --qui ont quitté les études trop tôt "sans diplôme", ont "échoué dans leurs études supérieures" ou encore "sont mal-diplômés", leur cursus ne correspondant pas à beaucoup de débouchés. La seconde catégorie rassemble "des jeunes victimes de discriminations à l'embauche" en raison de "l'origine ethnique, sociale ou géographique ou un handicap physique".
Compte tenu de l'impact persistant de la crise, le COE estime "indispensables" des "mesures conjoncturelles", jusqu'à ce que soit constatée "une décrue significative du chômage". Il prône notamment le développement des "contrats aidés" qui "constituent la voie d'entrée dans la vie professionnelle de nombreux jeunes", et des mesures "d"accompagnement" pour les jeunes chômeurs de longue durée.
Les emplois aidés dans le secteur marchand (entreprises) offre une "meilleure insertion" des jeunes, relève le Conseil pour qui il ne faut pas non plus relâcher l'effort dans le secteur non-marchand (association, etc.). Le gouvernement a budgeté, pour 2011, 50.000 contrats aidés en entreprise et 340.000 dans le non-marchand.
Comme remède plus structurel, il insiste sur le développement de la formation en alternance et suggère notamment que des "modules d'enseignement en alternance" soit développés "dans la dernière année de chaque formation d'enseignement supérieur" permettant ainsi aux étudiants de connaître le "milieu professionnel".
Les acteurs de la politique de l'emploi étant multiples --Etat, partenaires sociaux, régions, départements, communes, une "simplification et une clarification" sont souhaitables, estime-t-il.
Le Conseil apporte sa "contribution" au débat au moment où les syndicats et le patronat ont engagé des négociations pour favoriser l'emploi des jeunes et que de son côté le gouvernement prépare des mesures en faveur des contrats en alternance.