Le président de la banque centrale des Etats-Unis (Fed), Ben Bernanke, a exhorté mercredi le Congrès à agir dès maintenant pour réduire le déficit budgétaire afin de ne pas avoir à prendre plus tard des mesures douloureuses sous la pression des marchés.
"D'une manière ou d'une autre, des ajustements suffisants devront avoir lieu à un moment ou à un autre", a déclaré M. Bernanke lors d'une audition devant la Commission du budget de la Chambre des représentants.
"La question est de savoir si ces ajustements auront lieu dans le cadre d'un processus faisant la place aux délibérations et à la prudence (...) et donnant aux gens le temps de s'adapter aux changements dans les programmes de l'Etat" ou s'ils "seront pris comme une réponse rapide et douloureuse à une crise budgétaire menaçante ou réelle", a-t-il ajouté.
M. Bernanke indique ainsi clairement que les Etats-Unis feraient bien de prêter attention au cas d'autres pays, comme la Grèce et l'Irlande, contraintes de faire appel dans l'urgence à une aide de l'Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI) sous la pression des marchés financiers.
A cinq jours de la publication du projet de loi budgétaire pour l'exercice 2012 (qui commencera le 1er octobre), M. Bernanke a indiqué que la politique du gouvernement américain consistant à renforcer la croissance pour mieux réduire le déficit à terme lui semblait insuffisante.
"Notre pays ne peut pas espérer raisonnablement sortir de sa situation de déséquilibre budgétaire par la croissance", a-t-il dit, tout en reconnaissant qu'une "économie plus productive [faciliterait] certainement les arbitrages".
Comme les autres pays avancés membres du Groupe des Vingt, les Etats-Unis se sont engagés à réduire leur déficit budgétaire et commercial afin de contribuer au rééquilibrage de l'économie planétaire.
Cependant, selon les dernières prévisions du Bureau du budget du Congrès (CBO), le déficit budgétaire des Etats-Unis est parti pour battre une nouveau record en termes nominaux, à près de 1.500 milliards de dollars (9,8% du PIB) pour l'exercice en cours.
La prolongation des baisses d'impôts pour tous les Américains à laquelle le gouvernement s'est rallié sous la pression des républicains, désormais majoritaires à la Chambre basse, rend difficilement réalisables des économies importantes à court terme.
Alors que l'Europe s'est engagée sur la voie de la réduction du déficit - ses efforts ont été salués récemment par le FMI - le gouvernement américain prévoit, lui, de nouvelles dépenses pour moderniser les infrastructures, par exemple, dans l'espoir que cela soutienne également la croissance.
M. Bernanke a dit qu'il souhaitait voir de telles mesures "s'accompagner de perspectives à long terme" de réduction du déficit.
"Tout ce qui peut être fait maintenant [...] aura un effet positif", a-t-il dit, pressant une nouvelle fois les élus de prendre des actions "crédibles" pour les marchés.
Au cours d'une réunion publique, le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner a noté mercredi que les Etats-Unis empruntaient toujours à un taux extrêmement favorable.
Mais, pour M. Bernanke, le risque de voir les taux d'intérêts sur les obligations du Trésor américain monter est bien réel si rien n'est fait.
Les finances publiques américaines sont engagées sur une pente qui n'est "pas viable", répète-t-il depuis un an environ. Selon les toutes dernières prévisions du FMI, le ratio de la dette publique américaine devrait passer de 91,2% en 2010 à 102,0% en 2012.