
Le portail internet AOL va acheter le site HuffingtonPost, le plus influent des nouveaux journaux américains en ligne, dont la fondatrice, Arianna Huffington, va désormais piloter la stratégie médias du groupe.
L'accord annoncé lundi marque le mariage d'un pionnier déchu d'internet, AOL, avec l'une des réussites les plus respectées du web, rendez-vous de grandes signatures et, de plus en plus, site d'actualités respecté, accrédité notamment à la Maison Blanche.
"L'acquisition du Huffington Post va créer une entreprise américaine de médias de nouvelle génération, d'envergure mondiale, qui combine les contenus et le côté réseau social", a commenté le PDG d'AOL Tim Armstrong, cinq jours après avoir annoncé une perte annuelle creusée à 782 millions de dollars.
La transaction, qui a reçu le feu vert des conseils d'administration et des actionnaires des deux entreprises, doit encore recevoir l'approbation des autorités américaines. Au total, les analystes estiment qu'AOL mise 40% de ses liquidités dans cette opération.
L'emblématique Arianna Huffington, cofondatrice et rédactrice en chef du site, va devenir rédactrice en chef de tous les sites d'informations d'AOL, rebaptisé Huffington Post Media Group, soit le Huffington Post, les sites respectés d'informations sur les médias TechCrunch et Engadget, les sites d'informations micro-locales Patch, et Seeds, un site d'informations fonctionnant avec une armée de pigistes lancé au printemps.
"J'ai dit à Tim que je voulais rester pour toujours", a dit Mme Huffington, avec son accent grec, lors d'une téléconférence avec des analystes.
"Je veux que cela soit l'achèvement" de ma carrière, a ajouté cette élégante sexagénaire formée à Cambridge, figure de la gauche californienne qui avait exploité son impressionnant carnet d'adresses pour lancer il y a six ans un rendez-vous très couru de signatures connues (d'Al Gore à Mia Farrow en passant par Michael Bloomberg et Alec Baldwin...).
Avec les 25 millions de visiteurs par mois d'Huffington Post, AOL estime disposer d'un portefeuille de sites lui assurant 117 millions de visiteurs par mois aux Etats-Unis et plus de 270 millions dans le monde.
"Je pense que nous sommes là dans une situation où 1+1 égalent 11", a dit M. Armstrong, quadragénaire considéré comme le père de la réussite de Google dans la publicité.
Les analystes financiers ont généralement bien accueilli cette initiative, où Mark Mahaney, de Citi, a vu "une logique stratégique". "Nous considérons que le HuffPo est un site de très haute qualité avec des contenus originaux, également doté d'une présence importante dans les médias sociaux et les actualités".
Mme Huffington affirme que son site, lancé en mai 2005 avec un investissement minimal, a été bénéficiaire pour la première fois en 2010. M. Mahaney estime qu'il devrait avoir un chiffre d'affaires annuel de 100 millions de dollars dans un an. C'est bien moins qu'AOL (2,4 milliard de dollars de chiffre d'affaires en 2010), mais la tendance est à la progression marquée, à la différence de celle d'AOL (-26% en un an).
"Le HuffPo n'était pas à vendre, personne n'était pressé de récupérer son argent", a assuré Mme Huffington, "tout le monde croyait qu'il y aurait finalement une entrée en Bourse".
Pour AOL, c'est en tous cas un coup d'éclat - quelques semaines seulement après des discussions qui avaient tourné court avec une autre étoile ternie du net, Yahoo!.