La filière nutrition animale bretonne, regroupée dans un "collectif pour la libération des ports de commerce bretons", a demandé jeudi à Rennes aux pouvoirs publics de décréter "l'état d'urgence avec réquisition" suite au blocage des 4 ports de la région par les salariés portuaires.
"Sur 1 an, les pertes sont estimées à 52 millions d'euros pour la seule nutrition animale bretonne", souligne le collectif qui regroupe des fabricants d'aliments, des importateurs et des manutentionnaires des ports de Brest, Lorient, Saint Nazaire et Saint Malo "paralysés de façon régulière depuis octobre 2009".
"L'agriculture ne peut plus supporter un tel préjudice", a déclaré Thierry Renault, représentant des importateurs lors d'une conférence de presse à Rennes. Si la situation reste en l'état, des fournisseurs de matières premières ne pourront plus livrer leurs clients au plus tard à partir de lundi, pour cas de "force majeure", a-t-il dit.
"On est au bout du bout. La marchandise est là mais sur l'eau. Plus de 100.000 emplois en Bretagne sont directement liés à la production agricole. La crise portuaire rajoute à la crise agricole proprement dite", selon Hervé Vasseur, représentant de l'association des fabricants d'aliments du bétail (Afab).
Plus de 4 millions de tonnes de matières premières (tourteaux, graines, huiles, céréales) importées arrivent chaque année dans ces ports pour être acheminées vers les 50 usines de fabricants d'aliments en Bretagne puis ravitailler les 50.000 éleveurs de bovins, porcs, volailles et moutons.
Les ports français sont affectés par des mouvements de grève liés au bras de fer entre la CGT, qui réclame l'application d'un accord de principe conclu cet automne avec le patronat, et le gouvernement qui veut limiter à deux ans les départs en cessation anticipée d'activité, conformément à la réforme des retraites de novembre.