Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, s'est prononcé pour une flexibilité accrue du Fonds européen de stabilité financière (FESF) afin qu'il puisse racheter de la dette d'Etats de la zone euro, a-t-il dit mercredi dans un entretien au Wall Street Journal.
Donner le pouvoir au FESF d'acheter des obligations souveraines sur les marchés financiers "serait probablement une chose intéressante dans certains cas, ne serait-ce que pour faciliter l'accès au marché" des Etats en difficulté, selon lui.
Mi-janvier, la ministre française des Finances, Christine Lagarde, a confirmé qu'une telle pratique faisait partie "des pistes de travail" examinées par les Européens.
Jusqu'à présent, cette compétence est entre les mains de la Banque centrale européenne (BCE), qui a acheté 76 milliards d'euros de dette des pays les plus fragiles de la zone euro depuis mai.
"Une autre possibilité serait celle des programmes préventifs (tel que les lignes de crédit), comme ce que le Fonds monétaire international fait", ajoute M. Noyer.
Cette formule consisterait à accorder un prêt par précaution aux pays considérés comme bien gérés, les Etats qui en bénéficient pouvant y recourir à tout moment et dans les proportions qu'ils souhaitent.
Plus généralement, M. Noyer appelle les gouvernements à faire en sorte que le FESF puisse utiliser sa pleine capacité de prêt. Il peut actuellement emprunter jusqu'à 440 milliards d'euros mais ne peut prêter qu'autour de 250 milliards, en raison de la nécessité de constituer des encaisses de précaution afin de s'assurer le triple A, la meilleure note possible.
Selon M. Noyer, "il est approprié" de penser à augmenter le FESF, "même s'il n'y a pas de besoin immédiat".
Interrogé par ailleurs sur le regain d'inflation en zone euro (+2,2% en décembre sur un an), le gouverneur indique que la hausse des prix de l'énergie et de l'alimentation ne s'est pas étendue aux autres prix à la consommation.
"L'inflation sous-jacente est restée contenue", affirme-t-il, en ajoutant que "par nature, (la hausse de l'inflation) devrait être temporaire".
"Je suis assez confiant dans notre capacité à garder l'inflation à distance", en partie en "envoyant le message que nous ne tolérerons jamais que l'inflation puisse devenir tenace", explique M. Noyer, assurant que cela ne signifiait pas que la BCE relèverait prochainement ses taux d'intérêt.