Nicolas Sarkozy a fixé lundi les priorités de sa présidence des G20 et G8, dont la réforme du système monétaire international (SMI) avec une "taxe sur les transactions financières" et l'instauration d'"un socle de protection sociale universel", lors d'une conférence de presse à l'Elysée.
Pour répondre aux réticences américaines, le chef de l'Etat a affirmé que Paris n'entendait pas, dans le cadre de la réforme du SMI, remettre en cause le "rôle éminent" du dollar ni instaurer un "contrôle des capitaux".
Il a par ailleurs indiqué qu'il ne souhaitait pas "revenir à un système de changes fixes" tout en critiquant à nouveau "l'instabilité du non-système international monétaire" en vigueur "depuis 1971" et la fin des accords de Bretton Woods d'après-guerre.
A propos de la taxe sur les transactions financières, il s'agit, selon lui, de la "meilleure des formules" pour trouver "de nouvelles ressources pour le développement", même s'il a admis qu'elle avait à cette heure de "grands ennemis".
"La France considère que cette taxe est morale compte tenu de la crise financière que nous venons de traverser, utile pour dissuader la spéculation et efficace pour trouver de nouvelles ressources pour le développement", a dit M. Sarkozy en présentant ses voeux à la presse.
M. Sarkozy, dont c'était la troisième conférence de presse à l'Elysée depuis le début du quinquennat, va confier dans ce but "une mission à une personnalité de la société civile pour trouver des solutions innovantes".
Il proposera aussi à ses homologues des pays les plus industrialisés "un code de conduite en matière de gestion des flux de capitaux".
Autre volonté de la France: "élargir" le rôle du Fonds monétaire international (FMI) en modifiant "éventuellement" ses statuts. M. Sarkozy a évoqué la possibilité d'une mission de surveillance des déséquilibres mondiaux et des flux de capitaux.
L'Allemagne, à la demande de la France, va coprésider avec le Mexique, qui assurera la présidence du G20 en 2012, un groupe de travail sur le système monétaire international, a annoncé M. Sarkozy.
M. Sarkozy entend aussi donner une tonalité sociale à la présidence française avec "la mise en place d'un socle de protection sociale universel". "Pas un modèle social unique, cela n'a pas de sens, mais un socle", a-t-il expliqué, plaidant pour "donner davantage de poids à l'Organisation internationale du travail dans la gouvernance mondiale".
Nicolas Sarkozy a par ailleurs annoncé une rencontre avec le président chinois Hu Jintao fin mars en Chine, à l'occasion d'un séminaire organisé lors de la présidence française du G20.
Le président a insisté sur la volatilité des prix de matières premières, un sujet sur lequel le président russe Dmitri Medvedev "a accepté de s'investir plus particulièrement".
Le président avait entamé cette troisième conférence de presse par un hommage appuyé au photographe franco-allemand Lucas Mebrouk Dolega, mortellement blessé alors qu'il couvrait pour l'agence EPA les émeutes en Tunisie.
M. Sarkozy a aussi exprimé "une pensée particulière" pour les deux journalistes de France 3, Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier, otages depuis plus d'un an en Afghanistan.
Ce rendez-vous avec la presse, qui a rassemblé des centaines de journalistes dans la salle des fêtes de l'Elysée, est couplé avec les voeux aux ambassadeurs étrangers à Paris. Il devait durer deux heures, jusqu'à 13H00.