Les Européens progressent dans leurs discussions sur une augmentation du dispositif d'aide à la zone euro afin de rassurer les marchés, avec même une option à l'étude de doublement à 1.500 milliards d'euros évoquée par la Belgique.
Le ministre belge des Finances Didier Reynders veut frapper un grand coup.
Il s'est prononcé jeudi en faveur d'un doublement de l'ensemble du dispositif d'aide pour les pays de l'Union monétaire en difficulté, qui est actuellement de 750 milliards d'euros, et révélé que des discussions en ce sens avaient actuellement lieu en Europe.
Le dispositif dont l'Europe s'est dotée en mai 2010 suite à la crise de la dette grecque, est constitué d'un Fonds de soutien temporaire doté de 440 milliards d'euros de garanties de prêts des pays de la zone euro, de 250 milliards de prêts du Fonds monétaire international et de 60 milliards d'euros de prêts de l'UE.
"Je pense que ce serait un objectif tout à fait raisonnable de doubler les moyens" du Fonds de soutien de la zone euro, "la Facilité actuelle et le Mécanisme permanent pour l'avenir" qui la remplacera à partir de la mi-2013, a indiqué M. Reynders dans un entretien avec l'AFP.
Etant donné que le dispositif total est actuellement de 750 milliards d'euros, "si nous prenons la même démarche, en doublant, on (...) arriverait à 1.500 milliards d'euros", a-t-il ajouté.
Interrogé pour savoir si les discussions en cours en Europe portaient sur ces montants, M. Reynders a répondu: "tout à fait". "La Commission européenne, la Banque centrale européenne commencent à évoquer ce genre de possibilités également" dans le cadre de ces discussions, a-t-il ajouté.
L'éventualité d'une augmentation du Fonds est discutée depuis déjà plusieurs semaines, en raison des craintes de contagion de la crise de la dette à d'autres pays comme le Portugal, l'Espagne, voire la Belgique ou l'Italie.
Mais le débat se précise à présent. Il a été relancé mercredi par le président de la Commission européenne José Manuel Barroso qui a exhorté les dirigeants des pays de l'UE à décider début février au plus tard, lors d'un sommet, d'augmenter les capacités du dispositif.
Officiellement, la France et l'Allemagne s'étaient d'abord montrées réticentes mercredi à toute hausse rapide des moyens du Fonds, n'en voyant pas l'utilité.
Mais la ministre française des Finances Christine Lagarde a déclaré jeudi à l'AFP qu'une augmentation du Fonds pourrait être décidée "si nécessaire", afin de "démontrer notre détermination à défendre la stabilité de la zone euro". Selon Mme Lagarde, l'augmentation envisagée n'est pas encore chiffrée.
Son homologue allemand Wolfgang Schäuble a, lui, concédé que la "capacité effective de prêt" du Fonds pourrait devoir être augmentée, tout en se refusant à parler d'augmentation du volume total d'argent.
Selon une source proche du président de M. Barroso, en fait deux options ont été présentées cette semaine par la Commission lors d'une réunion d'experts de l'UE à Bruxelles: un renforcement des capacités de prêts du Fonds sans toucher à l'enveloppe globale, et une augmentation réelle du montant du Fonds.
Car actuellement, le Fonds dispose en réalité d'une capacité de prêts bien inférieure à 440 milliards d'euros. Elle est évaluée à quelque 250 milliards, car il est nécessaire de garder le reste comme garantie pour les emprunts effectués sur les marchés.
Pour convaincre l'Allemagne d'accepter une augmentation du Fonds, M. Reynders a proposé aussi que les pays européens s'engagent à "réaliser des objectifs (de déficit) meilleurs" que prévu pour les années à venir.