Le patronat des professions portuaires du Havre a qualifié mercredi de "chienlit complète" les cinq jours de grève organisées jusqu'à dimanche par la CGT, qui réclame la validation d'un accord sur la pénibilité par le gouvernement.
"Ce n'est plus du folklore, ni l'expression d'un monde atypique, c'est la chienlit complète qui va nous conduire à un cataclysme économique et social", a déclaré à l'AFP Jean-Louis Le Yondre, président du syndicat des transitaires et du conseil de développement du port du Havre.
Il prédit que ce mouvement va durer "un mois", estimant que les navires vont être déroutés vers Rotterdam, Anvers et Zeebrugge pour ne plus revenir. "Je suis extrêmement malheureux, c'est la fin du port du Havre", a-t-il assuré en évoquant les grèves qui perturbent le port depuis 2007.
La Fédération nationale des ports et docks (FNPD-CGT) reproche au gouvernement d'avoir remis en cause un accord négocié à l'automne avec le patronat en faveur des salariés portuaires travaillant dans des conditions pénibles. Le dispositif prévoyait la possibilité d'un départ jusqu'à quatre ans avant l'âge légal de la retraite pour les salariés les plus exposés.
Jean-Louis Le Yondre se refuse à désigner les responsablités dans la rupture des négociations qui duraient depuis deux ans et demi. "Je suppose que le gouvernement a ses raisons et qu'il ne veut plus que des régimes spéciaux perdurent", a-t-il simplement commenté.
De son côté, Johann Fortier, secrétaire général du syndicat des dockers du Havre, a promis un mouvement qui allait "durer dans le temps" si le gouvernement ne faisait pas machine arrière. "C'est du mépris envers les organisations syndicales mais aussi envers les organisations patronales qui ont négocié le dispositif", a-t-il déclaré.
Ce syndicaliste estime que cet accord est justifié par l'espérance de vie des salariés portuaires inférieure de huit ans à la moyenne. "En réalité le gouvernement remanié s'inscrit dans une logique de pré-campagne présidentielle et ne s'intéresse pas aux arguments économiques, encore moins sociaux", a-t-il assuré.