Le président français Nicolas Sarkozy est attendu lundi à Washington où il doit s'entretenir avec son homologue américain Barack Obama des G20 et G8, des questions internationales mais aussi du problème du terrorisme islamiste, au moment où deux otages français viennent d'être tués au Niger.
M. Sarkozy devrait arriver dans la capitale américaine en fin de matinée, en provenance de Guadeloupe (Antilles françaises), accompagné de son épouse Carla Bruni-Sarkozy et des ministres des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie et de l'Economie Christine Lagarde.
Un entretien de cinquante minutes des deux chefs d'Etat est prévu en milieu de journée, suivi d'un déjeuner de travail. Entre ces deux rendez-vous, MM. Sarkozy et Obama feront une déclation conjointe à la presse.
Carla Bruni-Sarkozy et Michelle Obama déjeuneront de leur côté ensemble.
L'entretien sera consacré aux G8 et G20, forums des principales puissances économiques, présidés cette année par la France. Les questions internationales - Côte d'Ivoire, Iran, Proche-Orient, Pakistan/Afghanistan... - seront abordées lors du déjeuner.
La lutte contre le terrorisme islamiste devrait tenir une large place dans les discussions entre les deux présidents, alors que cette question a resurgi en France avec la mort de deux jeunes Français, enlevés vendredi au Niger, probablement par la branche maghrébine d'Al-Qaïda, Aqmi, et tués samedi, au cours d'une opération militaire franco-nigérienne à la frontière du Mali.
Cinq autres otages français, enlevés au Niger en septembre, sont toujours aux mains de leurs ravisseurs qui se sont réclamés d'Aqmi.
De Guadeloupe, Nicolas Sarkozy a affirmé que la France n'accepterait "jamais le diktat des terroristes et du terrorisme".
La situation en Afghanistan sera également au menu des conversations entre les deux hommes, après que le 53e soldat français eut trouvé la mort samedi dans ce pays depuis 2001. Les Américains y ont de leur côté perdu 1.448 hommes depuis dix ans.
Sur la plan économique, le président français vient tester auprès de son homologue américain les objectifs de sa présidence des G20 et G8, notamment l'établissement d'un nouvel ordre monétaire international et une nouvelle gouvernance planétaire, pour laquelle il réclame "plus de multilatéralise".
"Le système monétaire international est soumis à de fortes tensions qui ne vont pas s'apaiser. Les déséquilibres mondiaux ne se résorbent pas naturellement. Le G20 doit mettre ce sujet à l'odre du jour, nous ne céderons pas!", a-t-on affirmé dans l'entourage de M. Sarkozy.
Paris plaide notamment pour un rôle accru du Fonds monétaire international, et pour "le développement international d'autres monnaies" que le dollar, tel que le yuan chinois, "même s'il n'est pas question de réduire le rôle" de la devise américaine. "L'économie change, fatalement, le rapport de forces entre les différentes monnaies change aussi", explique-t-on de même source .
"Fondamentalement, c'est le message que nous voulons porter", dit-on à Paris, mais "il n'y aura pas beaucoup d'annonces" à Washington. Le but n'est pas de faire un accord partiel avec les Etats-Unis", ajoute-t--on.
Depuis plusieurs semaines, M. Sarkozy a multiplié les contacts avec de nombreux dirigeants politiques (Angela Merkel, Hu Jintao...) et économiques (Dominique Strauss-Kahn...), ces discussions devant lui permettre d'affiner les propositions qu'il développera lors d'une conférence de presse, le 24 janvier.
C'est la première fois que le président français revoit le président Obama depuis la révélation par WikiLeaks de câbles diplomatiques américains le décrivant comme "viscéralement" pro-américain, "pragmatique brillant" et "innovant" mais aussi "autoritaire" et "susceptible".